Kenya: Des anciennes victimes d'enlèvements témoignent

Au Kenya, 89 kényans ont été enlevés depuis les manifestations anti-gouvernementales de juin et juillet dernier, selon la Commission des droits humains, et 29 restent portés disparus. Parmi les victimes qui ont été libérées ou les proches de victimes, plusieurs dénoncent subir pressions et intimidations par ce qu'elles suspectent être des agents de sécurité. Ces victimes ont pris la parole, dimanche 2 février, auprès de la Commission kényane des droits humains.

Leur histoire avait choqué le pays. Le militant kenyan Bob Njagi ainsi que deux frères, Jamil et Aslan Longton, ont été kidnappés le 19 août 2024, après avoir participé aux manifestations antigouvernementales. Portés disparus pendant 32 jours, ils ont depuis racontés avoir subi tortures et intimidations et disent continuer de vivre dans la peur.

« Le 5 janvier 2025, à 6 heures du matin, j'ai remarqué qu'une voiture noire me suivait lors de mon footing matinal. Pendant plusieurs jours, le même véhicule était garé près de mon lieu de travail. La même voiture a aussi été observé en train de surveiller Jamil et Aslan Longton à plusieurs reprises. En tant que survivants de disparitions forcées, nous savons que l'État nous vise car nous sommes des témoins des enlèvements en cours, des actes de torture et du traumatisme qui en découle », confie Bob Njagi.

Des « appels menaçants »

Des proches de personnes décédées ou portées disparues ont aussi pris la parole, comme Duncan Kyalo. Le corps de son frère Justus Mutumwa vient d'être retrouvé à la morgue de Nairobi. Il était porté disparu depuis le 16 décembre.

« J'ai pris la parole publiquement pour demander sa libération. Et j'ai commencé à recevoir de nombreux appels menaçants, me disant de laisser tomber. La personne au téléphone m'a prévenu que je risquais aussi de disparaître. J'ai vite remarqué que j'étais suivi par des individus que je suspecte aussi être des agents de sécurité. »

La Commission kényane des droits humains a dénoncé dimanche un État qui semble « vouloir éliminer les témoins » de la récente vague d'enlèvements, afin d'empêcher toute procédure judiciaire.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.