Gabon: Délestages au pays - Colère, ras-le-bol et mobilisation populaire

4 Février 2025

Depuis plusieurs semaines, l'électricité se fait rare au Gabon. Les coupures à répétition mettent la population à bout. Sur les réseaux sociaux et dans les rues, la colère gronde. Face à l'inaction des autorités, les citoyens passent à l'action.

Une population à bout

La population en a marre de cette situation qui endommage de nombreux appareils et freine les activités économiques. En effet, de nombreuses entreprises, qu'elles soient grandes ou petites, dépendent de l'électricité pour fonctionner. Certains commerçants déplorent ces coupures, car elles les empêchent d'atteindre leur chiffre d'affaires, à l'instar des cybercafés.

Les Gabonais expriment leur colère face à un problème qui empire chaque jour. Excédée, une dame exprime sa frustration dans une interview publiée sur la page Facebook le peuple souverain gabonais : « Au temps de Bongo, un peu moins, Ali a pris un peu quand même. Mais au temps d'Oligui, c'est tombé par terre (c'est devenu catastrophique). Qu'est-ce qui se passe ? Tu veux te laver, tu ne peux pas, parce qu'on coupe de l'eau. (...) on ne comprend pas. Depuis qu'Oligui a pris le pouvoir, il n'y a pas de courant », a-t-elle insisté. Ce témoignage révèle un ras-le-bol profond et une désillusion envers les promesses du régime en place.

D'autres vidéos montrent des enfants, soit en train de chanter, soit visiblement excédés par la situation, demandant à la SEEG de stopper les coupures. « Arrêtez de couper le courant, c'est comment ? On veut le courant pour dormir », a martelé un enfant.

Notons que ces coupures empêchent de nombreux élèves et étudiants de réviser et de se préparer correctement pour les cours, en raison des coupures d'eau et d'électricité qui n'en finissent pas.

En parcourant Facebook, on peut voir des vidéos de nombreux Gabonais frappant sur des ustensiles pour se faire entendre. Un "concert de casseroles" organisé en attendant la grande marche prévue le 8 février. Ce mouvement rappelle le concert de casseroles de 2021 qui avait été organisé pour contester le couvre-feu imposé.

Face à l'inaction des autorités, les Gabonais interpellent directement le président de la transition. « Oligui, nous n'en pouvons plus ! » clament-ils, exigeant une solution immédiate.

Cette situation inquiétante touche même les établissements de santé. Imaginez un instant un patient sous assistance respiratoire ou en salle d'opération en plein milieu d'une coupure. Que faire pour ces patients ? La SEEG pense-t-elle aux malades dans les hôpitaux ? C'est une question que de nombreux internautes se posent.

Un agent de la SEEG brise le silence

Dans une vidéo publiée sur Facebook, sur la page L'OEil de la Naza, on peut voir un agent de la SEEG tenter de donner des explications afin d'apaiser la population face aux souffrances que la SEEG leur inflige quotidiennement. « Ceux qui sont du PK 13 m'entendent. Ils savent le calvaire que nous vivons. Ils viennent se plaindre à la SEEG, et moi qui suis agent de la SEEG, je vais me plaindre chez qui ? » a-t-il déclaré.

L'État accusé

Il a poursuivi en rejetant la responsabilité sur l'État : « L'État ne dit rien. Nous sommes sacrifiés sur l'autel du sacrifice. Ils veulent que la population se rebelle contre nous, comme si nous étions les fautifs. Qu'ils disent la vérité à la population. »

Il a également interpellé les autorités : « Nous, agents de la SEEG, devons prendre nos responsabilités. Que l'État prenne aussi les siennes. Nous avons un ministre de l'Énergie, pourquoi ne communique-t-il pas ? Nous avons un service de communication à la SEEG, pourquoi ne communique-t-il pas ? Ça veut dire qu'ils savent. »

Ce témoignage révèle un malaise interne à la SEEG et suggère que la responsabilité dépasse l'entreprise, touchant les autorités de l'État.

Ces propos ont suscité de nombreuses interrogations parmi la population, qui se demande pourquoi la SEEG et le gouvernement gardent-ils le silence ? Jusqu'à quand la population devra-t-elle subir ces coupures ?

Pendant ce temps, la dame Bleu semble indifférente à ces protestations et continue d'appuyer sur le bouton pour couper le courant de façon répétée dans de nombreux quartiers de la capitale.

Sans électricité, sans eau, sans explications, les Gabonais n'en peuvent plus. Mais combien de temps encore devront-ils attendre dans l'obscurité avant qu'une solution concrète ne leur soit apportée ?

Entre espoir et résignation, les Gabonais attendent une réponse. Mais jusqu'à quand ?

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