Dans une rare réprimande du Rwanda, Pékin a exhorté Kigali à tenir compte des appels internationaux et à cesser de soutenir les rebelles du M23. La Chine, qui a pris le 1eᣴ février la présidence du Conseil de sécurité pour un mois, affirme que la RDC est une priorité. La position de la Chine sur les tensions actuelles entre la RDC et le Rwanda est déterminée par les principes généraux de sa politique étrangère et par son influence croissante en Afrique.
La Chine joue un rôle clé dans la région des Grands Lacs, notamment à travers ses investissements massifs, comme ceux liés aux Nouvelles Routes de la soie. Et l'instabilité grandissante pourrait menacer ses intérêts.
En RDC, les intérêts chinois sont avant tout économiques. Le pays détient près de 70 % des réserves mondiales de cobalt, essentiel pour les batteries lithium-ion de véhicules électriques et l'industrie technologique chinoise. Pékin investit aussi dans les infrastructures pour faciliter l'extraction et le transport des minerais. Sa présence en RDC lui permet d'accroître son influence en Afrique centrale.
Au Rwanda, c'est une autre approche. La Chine mise sur des relations commerciales fortes, le développement d'infrastructures et l'essor du secteur technologique. Kigali, avec son économie stable et sa croissance rapide, est un partenaire stratégique en Afrique de l'Est. Pékin est d'ailleurs devenu son premier partenaire commercial.
Les entreprises chinoises sont impliquées dans divers secteurs, de la construction à l'agriculture, et le Rwanda exporte vers la Chine des minéraux tels que l'étain, le tungstène et le tantale. Les experts de l'ONU sur la RDC estiment qu'une bonne part de certains de ces minéraux est extrait au Congo et mélangé illégalement à la production rwandaise.
Cette prise de position chinoise pourrait signaler une volonté d'affirmer son influence diplomatique et de rappeler qu'elle veille à ses intérêts dans la région.