Ile Maurice: L'ex-DG Maunthrooa et deux fournisseurs privilégiés de la CWA dans le viseur de la FCC

La Financial Crimes Commission (FCC) enquête depuis plus de deux semaines dans une affaire de corruption et de mauvaise gestion de projets d'infrastructure d'un montant estimé à 700 millions de la Central Water Authority (CWA). Par ailleurs, le ministre de l'Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden, a fait état, mardi, d'une liste d'actions entreprises en cours de compilation, qui sera prochainement déposée à la bibliothèque de l'Assemblée nationale.

La FCC a lancé une Financial Crimes Prevention Review sur des pratiques financières et des processus de passation des marchés à la CWA, qui met en lumière des transactions suspectes et la gestion opaque des fonds publics destinés à améliorer l'infrastructure de l'eau à travers l'île. Selon certaines sources à la CWA, plusieurs hauts responsables de l'organisation, dont l'ancien directeur général (DG), Prakash Maunthrooa (photo), seront interrogés. Des officiers de la CWA et des fournisseurs impliqués dans ces projets seront appelés à fournir des documents et à s'expliquer sur des pratiques suspectes relevées.

L'enquête porte sur des contrats de fourniture de tuyaux et d'équipements nécessaires aux projets d'approvisionnement en eau, attribués à des fournisseurs restreints. La CWA aurait modifié les pratiques normales de passation des marchés pour manipuler les contrats et ainsi permettre à quelques fournisseurs de bénéficier de contrats à prix gonflés, réduisant ainsi la concurrence et augmentant les coûts des projets.

La CWA aurait aussi acheté directement les tuyaux et équipements nécessaires aux projets, en contournant les règles normales de contrat, pour couvrir aussi les coûts de main-d'oeuvre. Il apparaît que seuls deux fournisseurs étaient en mesure de fournir ces équipements spécifiques, soulevant des questions de favoritisme et de conflits d'intérêts. La FCC se demanderait aussi si ces contrats ont été attribués en échange de commissions ou gratifications, ce qui constituerait un acte de corruption.

Une autre pratique inquiétante aurait été la division artificielle des projets d'infrastructure. La CWA aurait scindé certains contrats pour en réduire la valeur estimée, permettant ainsi de contourner les règles de la passation des marchés, qui sont plus strictes pour les projets d'une valeur supérieure à un certain seuil. Ainsi, la CWA aurait attribué des contrats de moindre envergure à des entreprises spécifiques, réduisant les contrôles et augmentant la manipulation possible des résultats. Cette division des projets a non seulement porté atteinte à la transparence des appels d'offres mais elle a également nui à l'efficacité des travaux.

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