Afrique: Quelle Afrique sous Trump...

L'Afrique occupe une place centrale dans les rivalités géopolitiques mondiales. Tandis que la Chine et la Russie intensifient leurs partenariats commerciaux et sécuritaires sur le continent, les États-Unis, confrontés à une baisse de leurs échanges bilatéraux, doivent réajuster leur approche. L'engagement américain reste trop souvent cantonné à l'aide humanitaire et à la gestion des crises, loin des aspirations économiques. La mort programmée de l'USAID s'inscrit dans un cadre neuf.

La Chine demeure le premier partenaire commercial et investisseur majeur dans le secteur énergétique africain. La Russie, elle, négocie des alliances sécuritaires avec des pays touchés par le terrorisme en Afrique de l'Ouest et centrale, tandis que d'autres puissances comme la Turquie et les États du Golfe augmentent leur influence politique et économique.

Renouveler le partenariat commercial avec l'Afrique

L'une des premières mesures envisagées par la nouvelle administration Trump est la révision de l'African Growth and Opportunity Act (AGOA), qui arrive à expiration en 2025, confie un mebre influent du Foreign Service bqsé à Washington, DC. Selon lui, l'accord commercial pourrait évoluer vers un partenariat économique stratégique axé sur la diversification des échanges et la valorisation des ressources locales. L'administration Trump, qui a surpris plus d'un avec la mise en veilleuse de l'USAID par le Department of Government Efficiency (DOGE) d'Elon Musk, devrait ainsi :

· Encourager les entreprises américaines à investir dans la transformation des ressources critiques, telles que les minéraux nécessaires à la transition énergétique.

· Réintroduire ses «hubs commerciaux régionaux» pour améliorer les infrastructures et faciliter le commerce.

Cette stratégie permettrait de concurrencer plus efficacement les investissements chinois et d'autres acteurs présents en Afrique. Investir dans les infrastructures et les ressources stratégiques. L'administration Trump devrait également renforcer son soutien à des projets structurants, comme le corridor de Lobito reliant l'Angola, la RDC et la Zambie. Ce projet est un exemple de corridor stratégique visant à intégrer les chaînes de valeur locales et à promouvoir l'industrialisation.

L'extension de ces initiatives à l'Afrique de l'Ouest est envisagée, en particulier dans les régions riches en ressources stratégiques telles que le lithium, le cuivre et le nickel.

Réorienter l'aide au développement et renforcer la santé publique

La politique d'aide américaine, traditionnellement focalisée sur des programmes de lutte contre des maladies spécifiques, devrait se réorienter vers le renforcement des systèmes de santé locaux. Cette approche impliquerait la collaboration avec des entreprises américaines pour :

· Produire des vaccins et médicaments au niveau régional.

· Créer des chaînes d'approvisionnement intégrées.

L'objectif est de garantir une sécurité sanitaire durable tout en soutenant le développement économique local.

Enjeux de sécurité

L'instabilité en Afrique de l'Ouest, marquée par des coups d'État et une montée du terrorisme, complique les partenariats internationaux. Les États-Unis devront adopter une approche équilibrée, respectant les revendications de souveraineté des États africains tout en soutenant des réformes régionales, notamment au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Cette stratégie pourrait inclure :

· Des partenariats bilatéraux pour renforcer les capacités de sécurité.

· Des investissements dans des projets favorisant la stabilité politique et économique.

Technologies numériques et cybersécurité

Alors que le continent connaît une croissance numérique rapide, les cyberattaques et les disparités d'accès à la technologie restent préoccupantes. L'administration Trump pourrait promouvoir :

· Le développement d'infrastructures numériques sécurisées.

· La gouvernance de l'intelligence artificielle (IA) et le renforcement des compétences numériques.

Ces initiatives viseraient à améliorer la collaboration numérique entre les États-Unis et l'Afrique, tout en favorisant l'innovation technologique.

La population africaine est la plus jeune au monde et représentera une grande part de la main-d'oeuvre mondiale d'ici 2050. Face à cette situation, l'administration Trump entend réinventer sa stratégie économique avec l'Afrique.

La concurrence avec la Chine

Pour rivaliser avec la Chine, les États-Unis devront éviter les discours polarisants sur le «piège de la dette chinoise» et se concentrer sur des résultats concrets. Maintenir le projet du corridor de Lobito pourrait démontrer l'engagement américain à long terme et rassurer les partenaires africains. La communication américaine devra insister sur une coopération gagnant gagnant, marquée par des sommets réguliers et une visite présidentielle en Afrique dès la première année du mandat, souligne un cadre de l'Union africaine, en Ethiopie.

Renforcer la diplomatie et les coopérations de haut niveau

Le renforcement de la présence diplomatique sera crucial pour réaffirmer le leadership américain. Cela implique :

· La nomination d'ambassadeurs expérimentés dans les domaines économiques et politiques.

· L'organisation d'un sommet économique américano-africain.

· La mise en place de projets ciblant l'innovation numérique et les infrastructures.

Les ressources minières critiques sont essentielles à la fabrication des technologies de demain, notamment pour les véhicules électriques.

Ces initiatives doivent permettre aux États-Unis de se repositionner comme un partenaire stratégique de confiance, en phase avec les aspirations africaines.

Pour répondre aux attentes des citoyens et des gouvernements africains, l'administration Trump devra mettre en place une stratégie ambitieuse et pragmatique. Cela passe par un engagement renforcé dans les secteurs du commerce, des infrastructures, de la santé et des technologies. En adaptant ses outils et ressources, les États-Unis pourraient non seulement protéger leurs intérêts stratégiques, mais aussi contribuer au développement durable et inclusif du continent africain.

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