Afrique: Protection de personnes atteintes d'albinisme - La Tanzanie épinglée d'avoir failli à sa responsabilité

La Cour africaine des droits de l'homme et des peuples a épinglé la Tanzanie pour avoir failli à sa responsabilité de protéger les personnes atteintes d'albinisme.

L'experte des droits de l'homme des personnes atteintes d'albinisme, Muluka-Anne Miti-Drummond, a salué une décision de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples qui a épinglé la Tanzanie pour avoir failli à sa responsabilité de protéger les personnes atteintes d'albinisme contre les attaques violentes, la torture, les traitements dégradants, la discrimination, la traite et l'enlèvement d'enfants d'albinos.

La Cour africaine a jugé que la Tanzanie avait violé le droit au respect de la vie humaine garanti par l'article 4 de la Charte africaine, ainsi que l'interdiction de la torture, des traitements dégradants et inhumains, de la vente, de la traite et de l'enlèvement d'enfants, et le droit à la non-discrimination en vertu des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme.

En conséquence, la juridiction ordonne à la Tanzanie de modifier les lois, y compris la loi sur la sorcellerie, pour garantir la criminalisation des attaques contre les personnes atteintes d'albinisme.

Pour Muluka-Anne Miti-Drummond, « cette décision est une étape importante dans les efforts en cours pour faire respecter les droits humains des personnes atteintes d'albinisme et l'affaire a donné à la Cour africaine une occasion unique de créer un précédent important en ce qui concerne les obligations des États concernant les droits humains des personnes atteintes d'albinisme en Afrique ».

La Cour africaine a notamment ordonné à la Tanzanie de promulguer un plan d'action national sur la protection des personnes atteintes d'albinisme, conformément au Plan d'action de l'Union africaine pour mettre fin aux attaques et autres violations des droits humains visant les personnes albinos.

La juridiction a, en outre, ordonné à la Tanzanie de prendre des mesures efficaces pour garantir le droit à la santé des personnes atteintes d'albinisme et d'entreprendre des campagnes de sensibilisation pour dissiper les croyances erronées sur l'albinisme et atténuer la violence.

Lors de sa campagne présidentielle de 2015, le défunt président tanzanien, John Magufuli, avait promis de mettre fin aux meurtres de personnes atteintes d'albinisme et s'était engagé à tenir les agents gouvernementaux pour responsables si de tels actes persistaient.

En dépit de cette prise de position, et des bonnes intentions du gouvernement, les meurtres ont continué. Un plan d'action national de lutte contre la traite des personnes a été lancé en mars 2022 en Tanzanie.

Selon plusieurs observateurs, il doit s'accompagner d'une législation spécifique sur le trafic d'organes qui viendrait renforcer la loi de 2008 sur la lutte contre la traite des personnes. La Tanzanie compte le taux le plus élevé au monde de personnes atteintes d'albinisme.

L'albinisme est une maladie génétique rare qui se caractérise par une limitation de la pigmentation de la mélanine dans la peau, les yeux et les cheveux, ce qui donne aux personnes affectées une apparence anormalement pâle.

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