Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre des toxicomanes s'adonnant au trafic de méthadone, à quelques mètres du poste de police d'Abercrombie, sous le regard impassible des forces de l'ordre. Face à cette situation préoccupante, les autorités appellent à une vigilance accrue.
Ainsi, depuis le 6 février, la police des divisions de Port-Louis Nord sensibilise les patients bénéficiant du programme de méthadone à l'importance d'adopter un comportement civique. Ces derniers doivent obligatoirement être en possession de leur carte d'identité nationale pour identification et respecter la file d'attente lors de la prise de leur dose quotidienne. Il leur a également été rappelé de ne pas se rassembler devant l'enceinte du poste de police, sur la route ou à l'arrêt de bus, afin d'éviter toute obstruction à la circulation.
Cependant, certains patients devant le poste de police d'Abercrombie, mécontents des modalités de distribution, ont commencé à manifester devant l'enceinte. Un renfort du poste de police d'Abercrombie est intervenu et les manifestants ont été ramenés à l'ordre. Ils se sont ensuite dispersés pacifiquement.
Dans un souci de renforcer la surveillance, le commissaire de police (CP), Rampersad Sooroojebally, accompagné du Deputy Commissioner of Police, Krishna Jhugroo, s'est rendu au poste de police de Baie-du-Tombeau, dans l'aprèsmidi du 6 février, où il a donné des instructions strictes pour assurer un suivi rigoureux de la distribution de méthadone, désormais réalisée à l'arrière de l'enceinte du poste.
Sollicité, le travailleur social Ally Lazer tire la sonnette d'alarme sur la façon dont la méthadone est distribuée dans l'île depuis cinq ans. «Lorsque la distribution de méthadone a été introduite, il y avait un protocole très strict à suivre à la lettre. Il était notamment interdit de distribuer la substance dans des fioles et il fallait s'assurer que le patient avale sa dose devant le personnel avant de partir», confie-t-il. Il ajoute avoir eu l'occasion d'assister à la distribution de méthadone dans une clinique à Londres, où une structure bien définie est en place avec des médecins et des psychologues.
«Or, à Maurice, cela se fait désormais dans des postes de police et certains centres de santé, ce qui entraîne un manque de contrôle et facilite le trafic. J'ai été témoin de scènes où la méthadone était distribuée d'un côté et revendue de l'autre, comme si l'on achetait un alouda au bazar ! On peut boire un alouda sur place ou dire au commerçant de le mettre dans une bouteille pour emporter. C'est la même chose qui se passe en ce moment concernant la distribution de méthadone», déplore Ally Lazer.
Pendant ce temps, la police se tient aux directives du CP pour maintenir la vigilance.
Dans un centre de santé à Plaines-des-Papayes : des individus volent 41 flacons
Un infirmier a consigné une déposition au poste de police de Plaine-des-Papayes le 8 février. Il allègue qu'il était avec un collègue au centre de santé de Plaine-des-Papayes ce jour-là, le matin, pour distribuer de la méthadone lorsqu'à un certain moment un groupe d'hommes est entré dans l'enceinte et les a encerclés. Ils ont ensuite volé 41 flacons de méthadone. Un agent de police en service sur place a réussi à disperser la foule. La valeur du vol est inconnue. Les flacons volés appartiennent au ministère de la Santé et de la qualité de la vie. La salle d'attente est équipée d'un système de vidéosurveillance. Une enquête est en cours.