Homme aux « sept vies », tour à tour footballeur, musicien, conteur et acteur hors-pair, Sotigui Kouyaté a déployé ses ailes de géant depuis le « petit » quartier de Dapoya au centre-ville de Ouagadougou pour conquérir le monde entier par son immense talent, héritage de la lignée des griots, rois du Mandé dont il était l'un des dignes descendants. Décrire Sotigui relève quasiment de l'impossible tant, il a marqué et continue de marquer les esprits aussi bien au Burkina Faso que partout ailleurs sur la planète terre.
On peut dire des enfants de celui dont la balade Mariam Touré, ode à l'amour continue de bercer nos coeurs et nous faire languir de mélancolie, qu'ils sont de la même graine ou à tout le moins essaient de se montrer dignes de cet héritage colossal. Outre Dany, Kassy, son frère, a ouvert un espace dédié aux arts dans la capitale culturelle, Bobo-Dioulasso, véritable foyer d'initiation et de transmission de nos valeurs ancestrales aux jeunes générations.
Dany lui, a préféré monter directement sur le « ring » du septième art avec une filmographie qui ne cesse de mettre le public « KO » tant le bonhomme fait preuve d'une maîtrise technique parfaite et d'un style épuré dans la construction et la narration de ses « histoires » . De Keita, l'héritage du griot à Sya le rêve du python, « Vié » (son surnom d'enfance) s'est toujours distingué par ses scénarios au finish renversant qui laissent le cinéphile haletant et conquis sur son siège.
Avec un palmarès long comme le bras, il nous revient cette fois avec un film dont le scénario est campé autour des intrigues des palais africains où argent, mysticisme, complots et trahisons se mêlent dans un cocktail détonnant et étonnant. Un conte moderne tout en finesse, soutenu par des dialogues accrocheurs héritage de son « statut » personnel dont les vertus se transmettent de génération en génération à travers le sang et le lait maternel.
Katanga la danse des scorpions dont il s'agit peut faire tilt à cette 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) pour inscrire le nom du Burkina Faso pour la troisième fois tout en haut du palmarès. Un film au titre évocateur qui est à lui seul tout un programme et une invite à l'évasion et à la méditation sur les vicissitudes de notre monde.
Ce ne serait que justice pour ce cinéaste aguerri et musicien à ses heures perdues qui enseigne son art dans les universités du monde. Un juste retour des choses aussi si tant est qu'au commencement de l'art et de la culture en Afrique, il y avait le griot, mémoire historique d'un continent en quête d'identité ainsi que le thème du présent festival le dit si bien. Dany Kouyaté, c'est le cinéma comme on l'aime. Distractif et instructif. Une école en résumé.