"Au nom de quoi ? Pour moi, une vie est une vie. Au nom de quoi la violence est utilisée pas une fois, pas un mois, pas deux mois, mais des années, des années et des années. Au nom de quoi ? Une vie est une vie". Ras-le-bol pour la Représentante du Secrétaire Général des Nations Unies et Cheffe de la MONUSCO, Bintou Keïta, qui a manifesté à travers ces mots, sa profonde préoccupation en rapport avec la situation sécuritaire dégradante dans l'Est de la République Démocratique du Congo, particulièrement dans la ville de Goma. Elle a pris part à la Session extraordinaire du Secrétariat du Conseil des droits de l'homme de l'ONU tenue vendredi 7 février à Genève en Suisse, session à laquelle le Ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya y a représenté la RDC.
Devant le micro d'ONU Info-Genève, Bintou Keïta a fait le point sur les atrocités et les violations des droits de l'homme et des droits humanitaires qui perturbent la quiétude des populations civiles dans l'Est du pays.
"Les traumatismes qui sont générés pour des générations, ne sont pas acceptables. Les séquelles ne sont pas acceptables. La situation, elle est terrible, elle est terrible pour la population civile dans la mesure où, comme je l'ai dit, il y a eu beaucoup de morts durant les combats. Beaucoup de corps en décomposition, des hôpitaux qui sont débordés, des médecins qui doivent faire leur travail dans des conditions absolument pas possibles.
Et en même temps, des gens qui se cachent et qui demandent d'être protégés, d'être extraits des endroits où ils sont pour aller dans des lieux plus sécurisés. Et c'est extrêmement compliqué parce qu'il y a une prise de contrôle de la ville de Goma, avec une administration qui est en train de se mettre en place", a déclaré la Cheffe de la MONUSCO avec un ton désemparé au regard de la détérioration de la situation sécuritaire en RDC.
Son inquiétude s'appesantie sur les dernières manifestations organisées dans la ville de Goma, réunissant toute la population pour un meeting dans un stade où le M23 a présenté la mise en place d'une administration provinciale. Encore là, une entrave à la liberté car, plusieurs sources ont rapporté le caractère obligatoire imposé par ce mouvement terroriste à tout citoyen de prendre part à ce meeting au risque de subir la rigueur dictée par lui.
La volonté délibérée du M23 à installer une administration dans la province du Nord-Kivu constitue une violation de l'intégrité territoriale de la RDC ainsi que de sa souveraineté", a déploré Bintou Keïta.
"Les dernières nouvelles, c'est que le M23 a appelé toute la population gomatracienne d'aller dans un stade pour leur présenter la mise en place d'un nouveau gouverneur, gouverneur adjoint, un maire et des administrateurs de territoire. Donc vraiment, il y a une volonté de s'installer dans une durée qui pose problème par rapport à la souveraineté de la République Démocratique du Congo et le respect de l'intégrité de ce pays", a fustigé Bintou Keïta.
Il sied de noter que la RDC connait, depuis plusieurs semaines, l'un des moments les plus sombres de son histoire dans cette guerre qui prend une allure éternelle, au moment où le pays a commencé à prendre un nouvel essor grâce aux efforts soutenus du Président de la République Félix Tshisekedi. Des atrocités soudaines qui traduisent le désir macabre de l'ennemi du Congo pour le pillage de ses minerais poinçonnés de sang, sang de l'agression rwandaise sur les populations civiles de l'Est de pays.