À l'image du président américain Donald Trump, la Centrafrique mise sur un memecoin, une cryptomonnaie qui veut surfer sur la popularité d'une personne ou d'un phénomène viral sur internet. Après un premier essai avec le Sango, Bangui a lancé, lundi 10 février, le memecoin $CAR. Mais le projet rencontre déjà des difficultés. Un site parfois indisponible, un domaine d'hébergement peu habituel... Autant de questions qui ont semblé suspectes et provoqué l'effondrement du cours en quelques heures.
Dans une vidéo publiée sur X, le président Faustin-Archange Touadéra a présenté officiellement le projet : « La République centrafricaine a toujours cru en la force et l'importance d'une communauté solidaire. En nous appuyant sur cette conviction et en symbole d'unité, je suis fier d'annoncer le lancement du memecoin officiel de la République centrafricaine. »
Le memecoin $CAR est hébergé par le ministère des Mines, un projet qui aurait pour objectif de promouvoir l'innovation et le développement économique du pays, selon le président centrafricain.
« L'un des memecoins les plus connus est le Doge coin, qui avait été pas mal poussé par Elon Musk à l'époque, explique Quentin Demé, économiste et co-auteur de 100 mots pour comprendre les cryptomonnaies, faisant allusion à la cryptomonnaie ayant une tête de chien comme effigie. L'idée des memecoins est simple : surfer sur une vague tendance d'internet. Donc cela peut être une boutade partagée ou une représentation qui, sur internet, est assez partagée. Et là en l'occurrence, ce serait sur l'État centrafricain. Donc il n'y a pas d'usage particulier derrière. L'idée, c'est de générer du financement. »
Les experts et investisseurs inquiets
Cependant, la presse spécialisée s'inquiète déjà d'une supercherie. Des éléments qui ont fait douter le secteur des cryptomonnaies. « Il y a pas mal de choses qui ont posé des questions, raconte Quentin Deumé. Tout d'abord, l'enregistrement du domaine, car le ".mim" est fait sur une plateforme traditionnellement utilisée par les particuliers qui s'appelle "name cheap" (comme son nom l'indique, "pour pas cher"), ce qui est étonnant, souvent très peu utilisé par un État ou une institution importante. »
Le spécialiste pointe aussi « le processus d'enregistrement : les experts ont relevé que ce domaine-là avait été enregistré trois jours avant le lancement. C'est quand même assez court, quand on connaît les procédures que doivent passer ce type d'enregistrements pour les États. Tous ces éléments-là ont fait s'inquiéter les experts et les investisseurs ».
La capitalisation du $CAR a dépassé les 800 millions de dollars lundi 10 février, pour retomber à moins de 40 millions de dollars, soit un cours divisé par 20 en quelques heures. Selon les spécialistes, cela signerait sans doute déjà la fin du phénomène.