Chaque matin, ils se lèvent avec l'espoir fragile que cette journée sera différente. Que peut-être, cette fois, leur CV ne finira pas au fond d'un tiroir, que leur démarche ne sera pas un énième pas vers le néant. Au Gabon, où le travail est une denrée rare et où les opportunités semblent réservées à ceux dont le nom ouvre des portes avant même qu'ils n'aient besoin de frapper, la jeunesse se bat.

Elle se bat dans les rues, sous le soleil accablant, à la recherche du moindre petit boulot. Elle se bat sur les bancs d'université, accumulant des diplômes qui, souvent, ne valent rien face aux passe-droits et aux relations. Elle se bat, parfois avec des idées pleines d'ambition, des projets d'entrepreneuriat étouffés par le manque de financement et l'inaction des autorités.

Mais le soir, lorsque la fatigue pèse sur leurs épaules, le désespoir les rattrape. Que faire quand tout semble verrouillé ? Quand chercher un travail devient en soi un travail exténuant, et que la frustration grignote les rêves à force d'attentes sans réponse ? À qui s'adresser quand ceux censés les écouter détournent le regard, occupés à préserver leurs privilèges ?

Alors ils prient. Ils crient sur les réseaux sociaux. Ils s'accrochent aux moindres opportunités, aux formations gratuites en ligne, aux petits commerces informels, aux activités précaires. Certains s'exilent, d'autres se résignent, et quelques-uns, plus téméraires, forcent les portes d'un système qui ne voulait pas d'eux.

Vers qui se tourner ? Peut-être vers eux-mêmes. Car si l'État ne tend pas la main, si les élites se replient sur elles-mêmes, alors c'est entre eux que ces jeunes doivent trouver la force de bâtir, ensemble, un futur qu'on leur refuse.