« Espérons que ce cessez-le-feu sera le bon ». L'encre qui a servi à coucher notre éditorial du lundi 10 février 2025 n'aura pas eu le temps de sécher que sur le terrain les hostilités reprenaient à l'issue du sommet conjoint de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) qui s'est tenu le week-end dernier à Dar-es Salam en Tanzanie.
Entre autres décisions, les participants avaient appelé à un cessez-le-feu pour permettre aux secours humanitaires de se mettre en place et de parvenir aux populations meurtries. Cet oukase visait surtout à donner la chance aux pourparlers qui sont en train de se mener assez laborieusement. Hélas, moins de 24h après, les armes dont on espérait qu'elles se tairaient ont recommencé à tonner de plus belle.
Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ne sont plus guère qu'à une petite cinquantaine de kilomètres de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu.
Chacune des parties rejetant sur l'autre la responsabilité de cette rupture du cessez-le-feu. Tout semble indiqué que la rébellion veut conforter ses positions militaires dans l'optique, soit de poursuivre son irrésistible marche, soit de pouvoir négocier en position de force au cas échéant.
Il est vrai que de Bukavu à Kinshasa il faut une belle et longue trotte de plus de 2000 kilomètres, mais si les rebelles devaient maintenir cette cadence et s'ils n'ont pas en face d'eux une forte résistance, il faut craindre que d'ici quelques mois, l'histoire ne se répète en RDC. A moins que les différentes pressions exercées notamment sur Kigali, le fauteur de trouble dans cette affaire, ou que les différentes médiations ne parviennent à geler les positions pour donner des chances à la paix.
Dernière initiative en date, celle des membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l'Eglise du Christ au Congo (ECC) qui sont arrivé le 12 février à Goma avec pour mission de consulter les différents acteurs de la classe socio-politique congolaise afin de faire face à la crise sécuritaire à l'Est du pays. Ils se sont autosaisis et ont même dépêché une délégation à Goma pour rencontrer Corneille Nangaa, le visage politique de la rébellion du Mouvement du 23 mars.
Reste à savoir si le miracle des religieux aura lieux. La question se pose d'autant plus qu'ils ont à peine posé les pieds à Goma qu'ils sont désavoués par la majorité présidentielle qui dit ne les avoir pas mandatés ou investis de quelque manière que ce soit. N'oublions pas que Tshisékedi renâcle à discuter avec ceux qu'il considère comme des terroristes, car ce faisant, ce serait quelque part les reconnaitre de fait.
C'est pourtant ce qu'ont préconisé les chefs d'Etat de la région à Dar-es Salam. Ceux-ci ont notamment appelé tous les protagonistes à la négociation y compris « les parties non étatiques », autrement dit, y compris le M23.
Que les pasteurs et les prélats aient été investis par Kinshasa ou pas, il faut espérer que leurs prêches, leurs prières où leurs sermons parviennent à attendrir les coeurs des rebelles et que leur démarche puisse servir la cause de la paix avec ou sans l'onction de Félix Tshisékedi.