Pour continuer à assurer les cours dans les zones contrôlées par le M23, Kinshasa envisage de lancer un programme d'enseignement en ligne pour les étudiants.
Pour poursuivre l'enseignement dans les zones sous contrôle des rebelles du M23, dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, et notamment dans la ville de Goma, le gouvernement congolais envisage de lancer un programme d'enseignement en ligne pour les étudiants des institutions supérieures et des universités.
Cette mesure est néanmoins critiquée par les étudiants eux-mêmes. En effet, cette mesure suppose que chacun possède une bonne connexion internet et un ordinateur ou un smartphone, ce qui est loin d'être le cas.
Augustin Kibassa Maliba, ministre de l'Information et de la communication, a lu, à la télévision nationale, le 7 février dernier, le compte rendu du Conseil des ministres : "La ministre de l'Enseignement supérieur et universitaire a informé le Conseil des dispositions de mise en oeuvre de l'éducation en situation d'urgence dans les espaces du territoire national sous occupation."
Coupures d'internet
Il a aussi rappelé que pour Marie-Thérèse Sombo, ministre de l'Enseignement supérieur et universitaire, l'enseignement en ligne est la solution pour maintenir l'éducation dans les zones occupées par les rebelles du M23.
"Elle (la ministre) a soutenu que le droit à l'éducation devant être garanti aux jeunes en dépit de cette agression rwandaise, l'enseignement à distance (en ligne) s'impose en solution idoine pour garantir la continuité des cours", explique Augustin Kibassa Maliba.
Etudiante de l'Université catholique La Sapientia de Goma, Sarah Salibaya estime toutefois que, dans cette période de crise, où Goma se remet difficilement de combats qui ont causé la mort de près de 3.000 personnes, la mise en oeuvre de cette mesure semble illusoire, notamment en raison des coupures d'internet.
"En ce moment, on ne peut pas compter sur la qualité de notre connexion internet pour accéder à l'enseignement en ligne, explique-t-elle. A part ça, c'est d'ailleurs par-là que je devrais commencer, plusieurs personnes n'ont pas de smartphone, ou même d'ordinateurs. Il y a certains parents qui ont des difficultés à payer les études de leurs enfants, alors si on leur demande d'acheter des ordinateurs qui coûtent au moins 200 dollars pour des enseignements en ligne, ce sera leur compliquer la vie."
Précarité des enseignants
Pour Jean-Claude Bashabga, enseignant d'université, envisager l'enseignement en ligne en RDC créera des dizaines d'autres problèmes.
Pour lui, "cette méthode pourrait effectivement avoir des conséquences sur les enseignants locaux qu'on risque d'envoyer au chômage. Surtout que tous les enseignants congolais ne sont pas payés par l'Etat, il y en a d'autres qui sont payés par leurs horaires de cours. Je crois qu'avec cette mesure, l'Etat congolais risque de créer un autre problème social."
Depuis la prise de Goma par le M23, il y a plus de deux semaines, les activités scolaires et académiques tardent à reprendre, en dépit des appels des rebelles à rouvrir les écoles.
