Afrique Centrale: Situation dans l'est de la RDC - La guerre est-elle repartie de plus belle ?

12 Février 2025

Après quelques jours d'accalmie, le crépitement des armes a repris dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Autrement dit, la guerre est repartie de plus belle entre, d'un côté, le M23 et ses alliés, et de l'autre, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et leurs supplétifs.

Autant dire que la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), dont les dirigeants s'étaient réunis, en sommet, à Dar-es Salam en Tanzanie, n'ont pas réussi à faire cesser les hostilités sur le terrain ; tant les combats continuent de faire rage. C'est dans ce contexte que l'on apprend qu'après le Burundi, l'Afrique du Sud, dans la plus grande discrétion, a envoyé du matériel militaire et plusieurs centaines d'hommes à Lubumbashi, en RDC. L'envoi de ces renforts, faut-il le rappeler, intervient au moment où des voix s'élèvent, de plus en plus, à Pretoria, pour dénoncer la présence de soldats sud-africains en RDC.

Les grandes puissances n'ont pas d'amis ; elles n'ont que des intérêts à défendre

Quatorze d'entre eux ont déjà perdu la vie, ravivant davantage la controverse. Cela dit, en attendant de voir comment le président Cyril Ramaphosa parviendra à se dépêtrer de cette situation, pour le moins inconfortable, qui pourrait lui coûter son fauteuil, on ne peut s'empêcher de se poser la question suivante : le retour de la paix dans l'Est de la RDC passera-t-il par les armes ? Tout porte à le craindre dans la mesure où toutes les tentatives de médiations ont jusque-là échoué.

Peut-il en être autrement quand les présidents Paul Kagame et Félix Tshisékédi qui doivent mettre les bouchées doubles en vue d'une désescalade, donnent l'impression de ne pas vouloir se voir même en peinture si fait qu'ils passent le temps à se snober ? On se rappelle encore les rendez-vous manqués de Luanda et de Dar-es Salam où la présence de l'un a toujours entrainé l'absence de l'autre.

C'est dire si l'animosité entre les deux hommes a atteint son comble, rendant, pour l'instant, quasi impossible toute solution politique et diplomatique. Malheureusement, les pauvres populations, quant à elles, continuent de payer un lourd tribut ; en témoignent le nombre important de cadavres laissés sur le carreau et les déplacements massifs enregistrés. Le pire, c'est que souvent, même des camps de réfugiés ont été la cible de combattants qui leur demandent de libérer les lieux. Pendant ce temps, la communauté internationale dont on n'a eu de cesse de dénoncer la duplicité, continue de tergiverser, incapable de mettre fin au calvaire des populations de l'Est de la RDC.

En tout cas, en dehors des condamnations de principe, on ne note aucune pression particulière exercée sur le Rwanda pour le contraindre à ne plus soutenir le M23 qui, après Goma, est sur le point de conquérir Bukavu, la capitale du Sud-Kivu. C'est, du reste, dans ce contexte que le prix Nobel de la paix, Denis Mukwegue et des députés écologistes demandent à l'Union européenne (UE) de ne plus acheter de minerais au Rwanda.

Tous les espoirs reposent sur les religieux qui mènent actuellement des consultations tous azimuts

Pour eux, les matières, comme le coltan, le tungstène, l'étain, l'or, ... extraites des Grands Lacs, servent non seulement à fabriquer des smartphones, mais aussi à financer les rebelles du M23. « Signer un accord sur les minerais stratégiques avec un pays qui utilise la violence pour les obtenir, pose une question morale et éthique de l'UE », a martelé Denis Mukwegue. Son cri de détresse sera-t-il entendu ?

On peut d'autant plus se montrer sceptique que les grandes puissances, on le sait, n'ont pas d'amis ; elles n'ont que des intérêts à défendre. Dès lors, on comprend pourquoi, en dépit de nombreux rapports onusiens accusant le président Kagame de jouer au pyromane dans l'Est de la RDC, l'UE est toujours incapable d'adopter une position commune contre le Rwanda. Elle marche sur des oeufs, se refusant de froisser un partenaire connu, pourtant, pour être un prédateur des droits humains.

En tout cas, pour une sortie de crise en RDC, tous les espoirs, pour l'instant, reposent sur les religieux qui mènent actuellement des consultations tous azimuts, avec toutes les parties prenantes au conflit. En effet, après avoir rencontré le président Tshisékédi, la semaine dernière, ils se sont envolés pour Goma où ils ont été reçus par les leaders du M23. Sauront-ils aplanir toutes les divergences en vue d'un accord de paix définitif ? C'est tout le mal qu'on leur souhaite.

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