Depuis l'offensive éclair du M23 et de ses soutiens rwandais sur le Nord-Kivu le mois dernier, certains habitants de Goma ont fui par le lac Kivu ou par la route pour trouver refuge dans la ville rwandaise de Rusizi, frontalière de Bukavu. Après ce nouveau départ forcé, les déplacés se débrouillent comme ils peuvent, traversant la frontière quotidiennement pour les écoles et le travail, dans l'attente de pouvoir rentrer le plus rapidement possible.
Dans sa maison de location à Rusizi, Innocent Mansuru a dû repartir de rien après avoir fui Goma, en RDC, avec sa famille pendant les affrontements : « La ville était couverte par les bombes, les balles ici et là. On ne pouvait pas quitter avec beaucoup de choses, juste des petites valises d'habits. On est arrivé ici, on a été obligé de tout recommencer à zéro, acheter des matelas et beaucoup de choses. »
Deux semaines après son arrivée, l'homme d'affaires tente de retrouver une vie normale. Tous les jours, il traverse la frontière pour vendre des marchandises à Bukavu, où ses enfants sont désormais scolarisés : « On ne fait que fuir pour protéger la vie de nos familles, explique Innocent Mansuru. On commence à s'adapter un tout petit peu, bien qu'on ne soit pas chez nous. On est juste là, où va dormir à l'abri des balles perdues. Donc, on se sent à l'aise. »
Le coût de la vie, plus abordable à Rusizi qu'à Bukavu, a attiré un certain nombre de familles de Goma. Des habitants comme Emmanuel Chirimwami, partagés entre la précarité d'un déplacement forcé et l'incertitude sécuritaire au Nord-Kivu : « Si je trouve un travail ici, je peux rester, sinon, je n'aurais pas d'autre choix que de retourner à Goma. Mais on ne peut rentrer avant le retour de la paix. On ne peut qu'attendre l'aide de Dieu. »
Une attente sans aucune certitude de retour rapide. Beaucoup de ces déplacés commencent à quitter les premiers hôtels réservés pour des logements plus permanents.