Burkina Faso: Occupation anarchique du domaine public - « Nous allons faire le bonheur de cette population, avec ou sans elle »

Le Président de la délégation spéciale (PDS) de la commune de Ouagadougou, Maurice Konaté et ses collaborateurs ont donné une conférence de presse, le 12 février 2025, dans la salle de délibération de l'Hôtel de ville.

Ils se sont exprimés sur l'occupation anarchique du domaine public d'une manière générale et l'obstruction de certains ouvrages en particulier. La municipalité qui réfute toute idée de n'avoir pas communiqué sur sa « campagne de salubrité publique » entend toujours sensibiliser mais est aussi dans une logique de tolérance zéro contre ceux qui viendraient à violer les dispositions des textes règlementaires. Face à certaines pratiques qui ont la peau dure, le PDS a asséné : « Nous allons faire le bonheur de cette population, avec ou sans elle ».

Entouré de ses plus proches collaborateurs, dont le directeur général de la police municipale et des PDS des 12 arrondissements de la capitale, le PDS de la commune à statut particulier qu'est Ouagadougou, Maurice Konaté, a débuté son speech par un inventaire. Cet inventaire a concerné les communiqués et les textes communaux qui traitent de l'occupation anarchique du domaine public et de l'obstruction des ouvrages. Les infrastructures urbaines, à l'écouter, sont destinées à fluidifier la mobilité et à assainir l'environnement, conditions indispensables à la création d'un cadre de vie agréable et sûr pour tous les Burkinabè en général et les Ouagavillois en particulier.

Ainsi donc, un communiqué conjoint des ministres de la Sécurité routière, de l'Administration territoriale et du Commerce, daté du 14 septembre 2023, invitaient les commerçants des villes et villages, les transporteurs et les chauffeurs routiers à libérer l'emprise des voies routières d'au moins deux mètres de part et d'autre des chaussées. Ce même communiqué précisait qu'à partir du 1er novembre 2023, tout contrevenant s'exposerait à des sanctions.

S'en sont ensuivis un premier communiqué, le 18 décembre 2023, pour rappeler les conditions d'occupation de l'espace public et donné un délai pour déguerpir toute occupation non conforme. Ce délai selon le PDS était la date du 15 janvier 2024. Il a ajouté que le 10 juin 2024, il y a eu une campagne de sensibilisation des riverains sur l'occupation anarchique des accotements des voies de Ouaga (voir encadré : textes communaux) afin de promouvoir une meilleure visibilité et une circulation fluide mais surtout prévenir la survenue d'accidents.

Passé cette campagne de sensibilisation, il y a eu deux communiqués d'annonce et de rappel d'une vaste campagne de salubrité et de démantèlement des installations anarchiques le long des voiries de Ouaga. Ils intègrent aussi une invitation aux occupants des emprises à prendre toutes les dispositions nécessaires pour les libérer avant le 15 janvier 2025. « C'est à partir de cette date que l'autorisation a été donnée à la police municipale et aux PDS d'arrondissements de procéder au démantèlement des installations anarchiques », a indiqué Maurice Konaté.

« Nous n'agissons pas en dehors du droit »

En dépit des multiples campagnes de sensibilisation, le PDS a fait noter que la situation demeure préoccupante (voie occupée de manière illégale du fait des stationnements abusifs, constructions non autorisées, activités commerciales non règlementées). Interrogé sur le cas de certaines personnes déguerpies qui réinvestissent les lieux quelques instants après, Maurice Konaté s'est voulu ferme : « S'ils reviennent, nous aussi, nous allons revenir. Nous n'allons pas abandonner. Actuellement, ça sera sans pitié pour ceux qui reviennent. Dès que nous prendrons quelqu'un qui est dans cette situation, le déguerpissement se fera à sa charge, purement et simplement.

Le message est très clair même si j'espère que nous n'en arriverons pas à là ». Il souhaite que les Ouagavillois comprennent que ces opérations ne ciblent aucune personne mais visent à créer les conditions du bonheur pour eux. Face à des chantages qu'on entendait de par le passé : « c'est nous qui vous avons élu... on verra aux prochaines élections », le premier magistrat de la ville, qui ne tarissait pas d'exemples, parfois funestes, a fini par asséner qu'eux, ils, ont bénéficié de la confiance des autorités et entendent donc assumer les missions qui sont les leurs : « Nous allons faire le bonheur de cette population soit avec elle, soit sans elle parce que nous n'avons pas le choix.

C'est une mission, nous ne sommes pas contre quelqu'un ». Pour ce qui est de la résistance faite par certains commerçants, le directeur général de la Police municipale, Paulin Kaboré, voudrait que l'opinion retienne qu'ils n'agissent pas à dehors du droit. Par contre, l'homme qui a failli faire usage de son arme vers Katr yaar, lui, serait devant les services compétents pour s'expliquer.

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