La réunion des chefs d'État devrait rendre la mission d'enquête opérationnelle
Alors que la crise dans l'est de la République démocratique du Congo atteint un point critique, la pression monte sur le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA) afin qu'il prenne des mesures décisives lors du 38e sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'UA, prévu ce 14 février.
Une coalition d'organisations congolaises, africaines et internationales a exhorté le Conseil de paix et de sécurité à prendre des mesures concrètes pour protéger les civils, y compris les défenseurs des droits humains et les journalistes, et à exiger que les auteurs d'abus rendent des comptes.
La prise de Goma, dans la province du Nord-Kivu, par le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, à la fin du mois de janvier, n'a pas mis un terme aux combats, ses forces avançant à présent dans le Sud-Kivu. Le M23 a contraint des dizaines de milliers de personnes déplacées à quitter les camps situés autour de Goma. Ces actions, auxquelles s'ajoutent l'obstruction de l'accès humanitaire, les menaces croissantes à l'encontre des défenseurs des droits et les graves pénuries de fournitures essentielles, ont aggravé une situation humanitaire qui se détériore rapidement. Dans la province de l'Ituri, plus au nord, des groupes armés poursuivent aussi leurs attaques contre les civils.
À la suite d'une réunion ministérielle d'urgence tenue le 28 janvier, le Conseil de paix et de sécurité a reconnu la gravité de la situation et a chargé la Commission de l'Union africaine de déployer immédiatement une mission d'enquête pour faire le point sur la crise. Les groupes de la société civile demandent maintenant l'établissement d'un calendrier précis et la prise de mesures concrètes pour rendre la mission opérationnelle.
Lors de leur réunion cette semaine, les dirigeants devraient veiller à ce que le président de la Commission de l'UA fournisse des informations détaillées sur la mise en oeuvre de la mission. Le Conseil de paix et de sécurité devrait fixer un calendrier pour son déploiement, une date limite ferme pour le lancement de la mission ce mois-ci, et clarifier la coordination avec les mécanismes régionaux africains, en particulier les processus menés par la Communauté de l'Afrique de l'Est (East African Community, EAC) et la Communauté de développement de l'Afrique australe (Southern African Development Community, SADC), afin de garantir une approche unifiée des efforts de paix et de reddition des comptes.
Cette réunion fait suite à la décision du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies de créer une commission d'enquête sur le conflit. L'UA devrait soutenir cette initiative en demandant des comptes aux responsables des graves violations commises dans le cadre de ce conflit armé qui perdure.
La réunion du Conseil de paix et de sécurité offre aux dirigeants africains une occasion unique de démontrer leur volonté politique et leur leadership en faveur de la population civile congolaise, qui est victime d'abus de la part de toutes les parties belligérantes. Une action décisive est nécessaire dès à présent.