Burkina Faso: Nouvelle reforme sur le foncier - L'État attendu sur la question du prix des parcelles

13 Février 2025

Le foncier, dans notre pays, est souvent qualifié de «bombe à retardement». Pour certainement éviter que cette «bombe» éclate, l'Etat, en s'inscrivant dans une logique préventive, a décidé de prendre les choses en main.

En effet, le gouvernement vient d'adopter en Conseil des ministres, un projet de loi portant «réorganisation agraire et foncière au Burkina Faso». Le ministre de l'Economie et des finances que j'ai écouté avec attention, parce que je ne comprenais pas grand-chose à ce texte, a donné des éclairages sur ce projet de loi qui sera soumis à l'appréciation des députés. Il a expliqué qu'à travers ce projet de loi, il est prévu que «la terre appartienne désormais à l'Etat».

En d'autres termes, l'Etat entend ainsi affirmer son autorité sur la question foncière; en un mot, améliorer sa gestion dans l'intérêt de tous les Burkinabè. En tout cas, vu sous cet angle, on ne peut que se réjouir de la réaction des plus hautes autorités du pays qui donnent l'impression d'avoir compris l'urgence qu'il y avait à agir face aux nombreux problèmes liés à la délicate question foncière.

En effet, notre pays est confronté à des tensions foncières récurrentes, notamment en zones rurales. Des conflits qui sont le plus souvent le résultat de certaines mauvaises pratiques qui ont résisté au temps. A preuve, dans ce pays, des individus ont eu l'outrecuidance de vendre un même terrain à plusieurs personnes, ce qu'on appelle le stellionat qui est délit.

La construction d'une maison constitue un véritable casse-tête

C'est dans ce même pays qu'une seule personne qui, généralement, détenait une parcelle de pouvoir, usait de sa position pour s'offrir des terrains par dizaines voire par centaines et cela, au détriment des plus pauvres. C'est dire si la mesure prise par le gouvernement, vient à point nommé. Et elle va assurément contribuer, si elle est appliquée dans toute sa rigueur, à mieux réguler la gestion des terres dans notre pays et à prévenir les nombreux conflits y liés.

En tout cas, c'est ce qu'espèrent de nombreux compatriotes qui ont souffert des dérives de l'ancienne loi. Cela dit, s'il faut saluer la nouvelle mesure des autorités, il n'en demeure pas moins que les attentes des Burkinabè restent grandes. Et l'une des préoccupations majeures demeurent le coût des terrains. En effet, les terrains, y compris ceux à usage d'habitation, coûtent exagérément cher dans notre pays, et se trouvent, par conséquent, hors de portée du Burkinabè lamda. Faites un tour dans certains pays voisins et vous verrez la très grande différence. Pour un pays pauvre comme le nôtre, c'est inadmissible.

Les coûts des parcelles sont si élevés au Burkina que la construction d'une maison constitue un véritable casse-tête pour le travailleur moyen parfois obligé de s'endetter pour s'offrir un toit. Il faut le dire, le Burkina Faso est un des pays de la sous-région où la parcelle coûte très cher. A tel point que s'offrir un lopin de terre est un luxe pour le burkinabè lambda.

Sur ce point, l'Etat pourrait y mettre de l'ordre. Et ainsi soulager, un tant soit peu les Burkinabè. Moi fou, sans abri et complètement désargenté, je nourris l'espoir que l'Etat, qui va désormais devenir l'unique propriétaire des terres avec la nouvelle loi, va travailler à faire baisser les prix des parcelles afin de permettre à chaque Burkinabè de s'offrir un toit décent et digne de ce nom. Voyez-vous ? C'est la preuve que les défis restent nombreux, et cela commande de passer du discours à l'action.

En tout état de cause, il est attendu de l'Etat une mise en oeuvre transparente et bien encadrée de cette mesure. D'où la nécessité de travailler en étroite collaboration avec les acteurs crédibles du foncier pour en assurer une application équitable. Car, mon plus grand regret serait d'apprendre qu'on a retiré des parcelles à des gens pour les redistribuer aux nouveaux riches en défiant les règles de la transparence.

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