Les résultats de l'Afrobarometer Round 10 à Madagascar révèlent qu'en dépit d'un niveau d'éducation élevé, le manque de formation freine l'accès à l'emploi des jeunes.
Les conclusions de cette récente enquête, présentée hier au Motel Anosy, offrent un regard saisissant sur la réalité des jeunes à Madagascar. Réalisée en octobre et novembre 2024, elle met en évidence un déficit de formation significatif, qui constitue l'un des principaux obstacles à l'insertion professionnelle. Bien que de nombreux jeunes bénéficient d'un niveau d'éducation plus élevé que celui de leurs aînés, ils se sentent souvent mal préparés aux exigences du marché du travail. Par exemple, 48 % des jeunes malgaches ont atteint le niveau secondaire, mais cela ne suffit pas toujours à répondre aux attentes des employeurs.
Les chiffres du chômage des jeunes sont alarmants : 42 % des 18-35 ans sont sans emploi et en recherche active, tandis que 32 % ne cherchent même pas de travail. Ce constat met en lumière un problème crucial : 30 % des jeunes interrogés estiment manquer de compétences spécifiques pour s'intégrer efficacement dans le monde professionnel.
Lea Rakotondraibe, partenaire national d'Afrobarometer à Madagascar, souligne l'urgence de la situation : « Pour les jeunes, la création d'emplois doit être la priorité des investissements, suivie de l'éducation et de la formation professionnelle. Ils font face au chômage et cherchent désespérément des opportunités. »
Une enquête fiable
Pour recueillir ces données, plus de cent questionnaires ont été distribués sur des thèmes essentiels tels que l'égalité des genres et la promotion de la jeunesse, des enjeux majeurs pour Madagascar. Lea Rakotondraibe assure : « L'enquête est fiable. Elle est menée en collaboration avec l'Instat, et chaque étape est soigneusement planifiée. Nous réalisons cette étude tous les deux ans dans toute l'Afrique. »
Malgré les efforts pour améliorer l'accès à l'éducation, un fossé persiste entre les qualifications des jeunes et les compétences demandées par les employeurs. Cependant, le gouvernement a déjà entrepris certaines démarches. Parmi les initiatives récentes du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), on note la formation de quatre-vingt jeunes, en partenariat avec l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Parmi eux, 11 ont immédiatement créé leur propre activité, avec un accompagnement matériel et financier.
« Il ne faut pas se décourager si les recrutements dans la fonction publique sont rares ou si le secteur privé peine à embaucher. Il faut inciter les jeunes à se tourner vers la création d'emplois... », a déclaré Marson Moustapha Abdulah, ministre de la Jeunesse et des Sports, en marge du lancement du programme « Tanora Miandrandra ny Hoavy ».
Les jeunes malgaches, souvent confrontés à une éducation trop théorique, réclament davantage d'investissements dans la formation professionnelle et l'accompagnement à l'entrepreneuriat. En effet, 23 % des répondants estiment que la formation professionnelle devrait être une priorité.
Malgré ces défis, les dirigeants et organisations locales bénéficient d'un fort soutien : 97 % des Malgaches estiment qu'ils accomplissent un bon travail pour former et promouvoir les jeunes leaders.