Alors que l'AFC/M23 a réalisé une nouvelle avancée sur la route en direction de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, les émissaires religieux poursuivent leurs consultations et tentatives de médiation. Après leur rencontre mercredi à Goma avec Corneille Nangaa, coordinateur de l'Alliance Fleuve Congo (AFC), dont fait partie le M23, les émissaires des Églises catholique et protestante ont échangé jeudi 13 février avec le président rwandais Paul Kagame à Kigali.
Dans le cadre de leur initiative baptisée « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la région des Grands Lacs », les religieux ont eu un échange de trois heures, en anglais, avec Paul Kagame. Le président rwandais a accueilli favorablement leur démarche, mais a déploré son arrivée tardive, d'après plusieurs sources.
Paul Kagame a réaffirmé sa méfiance envers son homologue congolais Félix Tshisekedi, qu'il accuse d'attiser les tensions et même de vouloir renverser son régime. Il parle d'une crise de confiance majeure, dénonçant les revirements, a-t-il dit, du chef de l'État congolais : « Il dit une chose le matin et le soir, il change », a-t-il lâché.
Sur le volet militaire, Paul Kagame dénonce le rôle de l'Afrique du Sud au sein de la force régionale de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), présente à Goma. Selon lui, Pretoria agit comme un belligérant dans ce conflit. Malgré ces critiques, d'après nos sources, Paul Kagame indique suivre attentivement l'évolution de l'initiative des religieux.
Cette rencontre avec Paul Kagame intervient après leur entretien mercredi 12 février à Goma avec Corneille Nangaa, coordinateur de l'Alliance Fleuve Congo (AFC), dont fait partie le groupe armé M23.
Nouvelle percée de l'AFC-M23 au Sud-Kivu
Sur le terrain, au Sud-Kivu, l'AFC/M23 a fait une nouvelle percée. Malgré l'intervention de l'aviation militaire congolaise, pour tenter de stopper leur progression, les combattants soutenus par Kigali ont pris le contrôle d'une nouvelle localité dans la nuit.
Après avoir pris le contrôle de Ihusi, Kalehe-centre, Nyambasha et Kabamba, leurs combattants ont été aperçus depuis jeudi soir dans la localité de Katana, située à une dizaine de kilomètres de Kavumu. Dans cette dernière ville se trouve le principal aéroport de la province du Sud-Kivu.
Contactée, l'armée congolaise se montre prudente : « Nous communiquerons en temps utile », a simplement indiqué une source militaire.
Les habitants restés sur place s'interrogent si les FARDC et leurs alliés vont réagir à cette avancée de l'AFC/M23. En attendant, l'exode se poursuit : des habitants chargés de bagages sur la tête, matelas et bidons à la main, souvent à pied, quittent la région en direction de Bukavu.