Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, le président congolais a accusé son prédécesseur d'être le "vrai commanditaire" d'une opposition favorable au Rwanda.
Présent lors de la Conférence de Munich sur la sécurité ce vendredi (14.02), Félix Tshisekedi a dénoncé le rôle joué par l'opposition congolaise dans la crise dans l'est de la RDC.
Cette opposition a, selon le président congolais, "une capacité de nuisance démontrée en s'alliant au Rwanda et en déstabilisant le pays. Mon rôle est de mettre tout le monde devant ses responsabilités. L'histoire nous jugera parce que ceux qui sont victimes aujourd'hui de ces dérapages de l'opposition, ce sont des Congolais. Et ces Congolais jugeront ces gens. Un jour, ils sauront qui a fait quoi".
Plus précisément, le chef de l'Etat congolais a pointé du doigt la responsabilité de son prédécesseur Joseph Kabila, à la tête du pays pendant 18 ans. "Je n'ai absolument pas l'impression que l'opposition qui a pris les armes, qui a fomenté avec le Rwanda ce coup contre la République est dans son bon droit", a affirmé Félix Tshisekedi. "D'ailleurs, la preuve, c'est que les vrais commanditaires se cachent. Et le vrai commanditaire de cette opposition est mon prédécesseur Joseph Kabila. Mais il ne l'avoue pas, il n'assume pas ses actions."
Immobilisme de la communauté internationale
Le chef de l'Etat congolais avait déjà fustigé l'ancien président en août 2024. Dans une interview à la radio Top Congo, il avait expliqué que Joseph Kabila "prépare une insurrection parce que l'Alliance fleuve Congo (AFC), c'est lui". L'AFC est la plateforme politico-militaire dont le M23 fait partie.
Alors que les rebelles du M23 et les troupes rwandaises enchaînaient des percées déterminantes dans la zone de Bukavu dans le Sud-Kivu ce vendredi, Felix Tshisekedi a dénoncé les "velléités expansionnistes" du Rwanda et appelé à le "mettre à l'index", car Kigali est "le véritable responsable de cette situation".
"Nous ne tolérons plus que nos ressources stratégiques soient pillées au profit d'intérêts étrangers sous le regard complice de ceux qui se nourrissent du chaos", a-t-il accusé, mettant en cause l'immobilisme de la communauté internationale.
"Nous n'attendons plus de simples mots, nous exigeons des actions décisives. Le statu quo est une illusion", a plaidé Félix Tshisekedi.
Berlin estime que seule la diplomatie peut résoudre le conflit
Ce jeudi (13.02), le Parlement européen a appelé l'Union européenne à suspendre l'accord sur le secteur minier conclu avec Kigali. Les députés européens demandent également de ne plus soutenir financièrement l'armée rwandaise.
A l'issue d'une rencontre avec son homologue congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a estimé qu'"il n'y a pas de solution militaire dans l'est de la RDC".
Pour Annalena Baerbock, le sommet des dirigeants d'Afrique australe et de l'Est montrait "la voie à suivre pour sortir du conflit". Réunis à Dar es Salam en Tanzanie, ils avaient appelé leurs états-majors à proposer un plan d'application d'un cessez-le-feu "inconditionnel" en RDC.
La situation dans l'est de la RDC sera certainement encore très discuté ce week-end lors du 38e sommet annuel de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba. Félix Tshisekedi ne devrait toutefois pas assister à la réunion des chefs d'État.