Congo-Brazzaville: Batailles d'hier et du futur

Initiative nationale pour la paix contre Rassemblement de la majorité présidentielle, la bataille de positionnement des forces ayant soutenu le candidat Denis Sassou N'Guesso à l'élection présidentielle de 2009 est-elle en train de renaître sous une autre forme ? Pour celle rappelée ci-haut, depuis, beaucoup d'eau a coulé sous le pont et le temps, patient et incontournable, a fini par remettre de l'ordre dans la grande famille de la majorité présidentielle.

Elu cette année-là avec un suffrage confortable, réélu deux fois de suite, en 2016 et en 2021, le président Denis Sassou N'Guesso mobilise à nouveau l'attention de ses partisans. Retenons qu'il ne s'est pas encore prononcé sur l'échéance électorale majeure de l'année prochaine. Passent les propositions de certains acteurs politiques de ramener le scrutin à 2025, l'enseignement à tirer pour l'instant est que les partis et groupements de l'arène congolaise se mettent en ordre de bataille.

À Brazzaville, pendant plusieurs semaines, des affiches géantes visibles sur les places publiques prédisaient l'arrivée d'un « Patriarche ». Nombreux sont ceux qui y perdaient leur latin tant le suspense durait un peu trop longtemps, menaçant de reléguer ce mystère aux oubliettes. Les occupations quotidiennes du citoyen prennent, en effet, chaque jour le pas sur les énigmes et le trop de communication de la nouvelle société humaine dans laquelle nous vivons est de nature à fragiliser les croyances.

Puis est venue l'heure du dévoilement des célèbres affiches. Ah oui ! Sans que l'on sache s'il a vraiment donné son quitus au procédé, il s'est trouvé que de « Patriarche », il s'agissait bien du président de la République, Denis Sassou N'Guesso. Les initiateurs de cette démarche annonçaient clairement leur intention : ils s'engagent aux côtés du chef de l'Etat dans la perspective de la présidentielle de 2026 et le « supplieront », s'il avait quelque hésitation, à candidater car ils sont eux-mêmes convaincus qu'il ne les décevra pas.

Suivent les symboles : les porteurs de l'affiche géante se proposaient de planter le décor du début officiel de leur mobilisation au Palais des congrès, le 5 février. L'emblématique édifice trônant place du boulevard Alfred-Raoul, en plein coeur de Brazzaville, est sans aucun doute le témoin privilégié de l'histoire politique récente du Congo : il a vu renaître la démocratie pluraliste en 1991, lors de la Conférence nationale souveraine, et accueille la cérémonie officielle d'entrée en fonction du président de la République élu.

Quant à la date du 5 février, elle rappelle l'arrivée au pouvoir du président Denis Sassou N'Guesso, pour la première fois, en 1979. Ce rendez-vous autour du « Patriarche » annoncé de longue date avait finalement été renvoyé au 9 février. Et pour cause ! Un « ancien » qui ne dormait pas à poings fermés a décidé de prendre les devants car dans ses salons feutrés pontifiait un timonier... Les anciens on le sait, sont réputés avoir plusieurs cordes à leur arc. Qui est l'ancien, qui est le timonier, se demandait-on à nouveau.

L'ancien est bel et bien le Parti congolais du travail. Il venait de souffler sa 55e bougie, le 31 décembre dernier, et ne pouvait entamer sa cinquante-sixième année de vie active sans se souvenir du 5 février 1979 et de son meneur. Cet épisode qui lui permit de revenir au coeur du jeu politique national. Et d'évincer un Comité militaire du parti affaibli, tout bien considéré, « profiteur » d'une légitimité qui commençait à lui faire défaut deux ans après son accession aux affaires à la suite de la disparition tragique du président Marien Ngouabi, le 18 mars 1977.

Ce n'est pas si grave, se consolaient les défenseurs du « Patriarche », qui cédaient le Palais des congrès et le 5 février 2025 aux gardiens du « Timonier », et acceptaient de prendre leur suite le 9 février. Puis flop ! la veille, la préfecture de Brazzaville s'est déclarée au regret de ne pas donner suite aux sollicitations des premiers. À plus tard ? Nul ne saura le dire pour le moment.

Dans le dictionnaire Larousse, les définitions des termes « Patriarche » et « Timonier » sont variées. En politique, leur usage conduit peut-être à la même conclusion : on a affaire à un leader vénéré, en qui l'on entend confier sa destinée pour son expérience et sa capacité à maintenir le cap. On le suppose avec la crème de collaborateurs, de partisans et de fidèles sachant mettre de côté leurs querelles intestines pour privilégier l'intérêt général. Dans cette optique-là, menées de concert, les batailles d'hier, d'aujourd'hui et de demain, ne seraient pas vaines.

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