Le M23, soutenu par le Rwanda, est officiellement entré dans la capitale provinciale du Sud-Kivu, Bukavu, ce dimanche tôt dans la matinée. Une présence confirmée par un porte-parole de l'armée congolaise. Plus loin, à une quarantaine de kilomètres au sud, à la frontière entre Bugarama au Rwanda et Kamanyola en RDC, les traversées au poste-frontière étaient bloquées ce dimanche face à une situation sécuritaire incertaine.
À l'ombre de son camion, assis avec d'autres conducteurs, Nicolas Muhemedi attend depuis deux jours de pouvoir traverser la frontière pour rentrer à Uvira : « Nous sommes ici, nous sommes coincés, on ne sait pas ce qui se passe. On est arrivé ici hier (samedi) matin, on a entendu des coups de balles, alors les policiers nous ont dit d'évacuer les véhicules qui étaient ici pour aller de l'autre côté. »
Au poste-frontière, les agents de l'immigration congolaise ont été aperçus pour la dernière fois vendredi 14 février. De nombreux tirs étaient entendus jusqu'à Bugarama ces derniers jours, affirment de nombreux habitants comme Amose Ngamije : « Personne n'a traversé ni aujourd'hui [dimanche], ni hier [samedi]. Il y avait des criminels qui voulaient voler et piller, ils tiraient dans leur pays, mais ici, il n'y avait pas de problème. »
Une situation plus apaisée dans la journée de dimanche où les activités ont repris à Bugarama. Son enfant dans les bras, Tarcila Nyirashyirambere sort de nouveau dans les rues, rassurée par le calme apparent. « Ici à Bugarama, les choses vont mieux aujourd'hui, mais samedi, nous avions peur, nous étions enfermés et personne ne bougeait, certains pensaient à fuir, mais les tirs se sont arrêtés dans l'après-midi et nous avons décidé de rester. »
Depuis la rivière de Rusizi, qui sépare le Rwanda et la plaine de Kamanyola en RDC, presque personne n'était visible sur les rives congolaises ce dimanche. De larges déplacements de populations ont été signalés vers le sud, pour beaucoup trouvant refuge au Burundi.