Sénégal: Enseignement supérieur - La tension montre entre le SAES et la tutelle

17 Février 2025

Le bras de fer entre le Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (Saes) et le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (Mesri) se durcit. Les universités publiques sont à nouveau secouées par un mouvement grève du Saes décrété pour les mardi 18 et mercredi 19 février afin de dénoncer, entre autres, l'inertie du gouvernement face aux revendications des enseignants. Le Saes fustige également la démarche du Mesri pour la résolution des problèmes de l'enseignement supérieur.

Le sous-secteur de l'enseignement supérieur est en proie à une crise profonde au Sénégal. Pour cause, le Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (Saes) maintient la mobilisation et décrète une nouvelle grève de 48 heures à partir de ce mardi 18 février, marquant une escalade dans les tensions. Pour accentuer le mouvement, le Saes demande également aux militants de « surseoir, en plus des activités pédagogiques (soutenances, délibérations), à toute participation aux cours, à des activités administratives et réunions »; et de « suspendre les formations payantes ».

La frustration des enseignants du supérieur repose sur « la non-régularisation, depuis bientôt 5 ans, des pensions de retraite aux ayant-cause des enseignants-chercheurs et chercheurs décédés, en violation de la loi sur le Code des pensions civiles et militaires »; « le non-respect de l'engagement pris le 22 octobre 2024 par le MESRI, en accord avec le Gouvernement, de réintroduire le Décret, objet de la revendication, dans le circuit d'adoption des textes administratifs ».

Le Saes dénonce aussi « le non-respect par le Gouvernement de la clause de confiance du 16 décembre 2024, entre le Saes et le gouvernement représenté par le Ministre Secrétaire Général du Gouvernement, mandaté par le Premier Ministre, engageant la responsabilité du Gouvernement de signer en l'état le projet de décret», « le mutisme et l'indifférence du MESRI à propos des points du préavis de grève du 13 janvier 2025 arrivé à expiration ». Dans son communiqué, le Bureau national du Saes lance un appel à « tous les camarades à la mobilisation pour exiger l'application sans délai du protocole d'accord ainsi que la restauration de la dignité des familles de nos défunts camarades ».

Décret sur les retraités : le Saes tire sur le Mesri

Quelques heures avant le nouveau mot d'ordre de grève, le Saes s'en est pris au ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Dr Abdourahmane Diouf. Ce dernier, lors d'une sortie médiatique jeudi dernier, est revenu sur les revendications du syndicat, affirmant que le « Saes est en train de négocier avec ses supérieurs ». Non sans lui attribuer une prétendue responsabilité dans la « perte du décret » modifiant le Décret n° 2020-1788 du 23 septembre 2020 portant création d'une allocation spéciale de retraite au profit des enseignants et chercheurs titulaires des universités. « Pourtant, le même Mesri dans un de ses communiqués intempestifs avait affirmé que le Décret était mystérieusement perdu dans les méandres de l'administration », a rappelé le Saes dans un communiqué.

« Le Saes s'inscrit en faux contre de telles allégations fantaisistes et malveillants qui n'ont pour seul but que de jeter le discrédit sur les enseignants du supérieur et de monter les Sénégalais contre ces derniers, mais aussi de fuir ses responsabilités en tant que Ministre de tutelle », rapporte le document. Pis, « le Saes dénonce avec vigueur le discours inélégant et empreint de contre-vérités du Mesri qui, en fuyant ses responsabilités, s'est dessaisi de toutes les questions pour retourner à ses vieilles habitudes : privilégier depuis bientôt quatre mois les sorties médiatiques comme méthode de résolution des problèmes de l'enseignement supérieur à la place de négociations sérieuses avec les acteurs ». A en croire les enseignants du supérieur, « cela confirme ainsi la rupture unilatérale du dialogue avec le Saes».

En effet, les conséquences de ces grèves répétitives sont significatives. Et c'est parce que la menace qu'elles représentent pour le parcours des étudiants, prolonge le temps perdu et entrave la stabilisation du calendrier universitaire. Pour autant, « le Saes informe les étudiants, leurs parents ainsi que l'opinion publique que, malgré sa bonne volonté, le mépris et le dilatoire du Mesri sur la question du préavis de grève arrivé à expiration compromet sérieusement la stabilité du sous-secteur de l'enseignement supérieur ». Dans sa note, il réaffirme sa détermination à défendre les intérêts des enseignants-chercheurs et des familles des enseignants décédés, tout en refusant d'endosser la responsabilité de perturbations académiques qui pourraient survenir.

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