Congo-Kinshasa: En porte-à-faux au Pacte social de la CENCO-ECC, Crise sécuritaire au pays - Odéric Nyembo plaide pour la mise en oeuvre de l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba !

*Douze ans après, son inapplicabilité aura coûté, ainsi, visiblement cher à la Patrie congolaise. Située en une approche holistique, allant du particulier (niveau régional) au général (niveau international), l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba, signé jadis le 24 février 2013, établissait clairement les parties prenantes au conflit sécuritaire à l'Est de la RD. Congo et fixait, en son point 5, paragraphe 1er alinéas 1 à 6, les réformes structurelles dans le cadre d'un processus politique global ouvert à toutes les parties prenantes en vue de remédier aux causes profondes du conflit dans le seul souci de garanti une gouvernance transparente et inclusive.

Au regard des enjeux de l'heure, marqués par l'agression et l'occupation d'une partie du territoire national par l'armée rwandaise couplée de ses supplétifs AFC/M23, Odéric Nyembo-ya-Lumbu Mutumbiwa, Président du parti politique « Alliance Nationale pour la République (A.N.R) et Coordonnateur de l'Union des Républicains et Alliés (UR et ALLIES), rappelle la nécessité d'appliquer intégralement les recommandations de cet Accord qui, selon lui, "fonde non seulement le dialogue, mais aussi permet de sortir de la crise sans effusion de sang, c'est-à-dire par le dialogue".

Pact social : démarche dite "viciée"...

Sortant de sa tanière, Odéric Nyembo a saisi l'occasion pour rebondir sur la démarche initiée par la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) et l'Eglise du Christ du Congo (ECC), résumée au Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la Région des Grands Lacs.

Sur cette question, s'adressant par voie de correspondance à Monseigneur Fulgence Muteba, Président en exercice de la CENCO, dont des copies ont été déposées auprès des instances régionales, continentales et internationales (Conseil de Sécurité, Secrétariat Général des Nations Unies, Union Européenne, Union Africaine, EAC, SADC), il formule trois observations non négligables.

Il s'agit, premièrement, de l'avis non favorable du Gouvernement de la RD. Congo qui précisait, à travers son Porte-parole, que les terroristes de l'AFC/M23 avaient leur place dans le processus de Nairobi à l'instar d'autres groupes armés se reconnaisant rd-congolais.

Ensuite, de la non-adhésion de l'ensemble de la classe politique congolaise et la société civile à cette démarche, en raison de l'inféodation de cette dernière par la première.

Enfin, explique Odéric Nyembo, le fondement juridique de l'initiative portée par la CENCO-ECC ainsi que des motifs de choix de parties prenantes consultées, jusqu'ici, par ces deux Confessions religieuses.

Zoom sur le fondement juridique

« Il résulte de l'analyse des dispositions de la Constitution Congolaise du 18 février 2006 que celle-ci ne prévoit nulle part le dialogue comme mode de résolution de crises en R.D.C. Dès lors, une question se pose : quelle serait la nature des décisions que le forum des Eglises Catholique et Protestante dit « Pacte social pour la paix et le bien vivre en RD-Congo et dans les Grands Lacs » aura arrêtées ?

Quid de leur caractère contraignant ? Seront-elles opposables à tous ? Si oui, sur base de quel texte juridique ? A toutes ces questions, votre projet n'offre aucune réponse. Les Tenants de la thèse du vide juridique apprécient à sa juste valeur la noblesse de la démarche des Eglises Catholique et Protestante dans la mesure où l'objectif principal est d'amener la paix dans notre pays.

Le drame a trop duré. Mais n'agissons pas par émotion au risque de faire un saut dans l'inconnu et de confirmer malheureusement la thèse défendue par Léopold Sédar Senghor qui avait écrit « l'émotion est nègre, la raison est hélène ». Face au drame, que disons-nous, au martyre que vivent nos frères et soeurs de l'Est. La raison recommande de faire usage des armes disponibles et qui soient légales.

L'Accord-Cadre pour la paix, la sécurité et la Coopération pour la République Démocratique du Congo et la Région dit « Accord-Cadre d'Addis-Abeba, est aujourd'hui le seul instrument juridique à caractère international susceptible non seulement de fonder un dialogue, mais surtout de « permettre de sortir de la crise sans effusion de sang », c'est-à-dire par le dialogue.

L'Accord-Cadre d'Addis-Abeba a été signé depuis le 24 février 2013, voici plus de dix ans. Dieu seul sait si, depuis lors, les Eglises Catholique et Protestante ont, un seul jour, dans l'exercice de leur mission prophétique, fait allusion à ce texte fondamental », s'interroge, à haute et intelligible voix, Odéric Nyembo.

Instrument juridique international

« En effet, se situant dans une approche holistique, c'est-à-dire partant du particulier au général, l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba a prévu la solution à la crise congolaise à trois niveaux : interne (le particulier) d'abord régional et international (le général) ensuite.

Le Congo étant un grand malade, un véritable éléphant aux pieds d'argile, il a fallu d'abord résoudre les problèmes internes en procédant aux réformes structurelles telles que le décrète le point 5 paragraphe 1er alinéas 1 à 6 de l'Accord-Cadre avant de s'attaquer au volet régional. A-t-on déjà une fois pensé que la crise congolaise pourrait être mise en rapport avec la manière dont on accède au pouvoir en R.D.C. ? Tant que les problèmes internes ne seront pas résolus, la philosophie de « UBUNTU » seule ne suffira pas pour résoudre nos crises.

La démarche d'Addis-Abeba a été circonscrite dans un cadre légal : elle s'est déroulée sous l'empire d'un traité international alors que celle des Eglises Catholique et Protestante est née ex nihilo au point qu'il y a lieu de se demander par quel décret divin les décisions issues de ce forum seront contraignantes et opposables à tous » expose le Président de l'Alliance Nationale pour la République (ANR).

Tout en saluant le projet des Eglise Catholique et Protestante, Odéric Nyembo note, cependant, que l'absence de son fondement juridique n'augure pas un aboutissement heureux. « L'adhésion pleine et enthousiaste de ceux-là mêmes qui ont bloqué hier l'application des travaux d'Addis-Abeba et qualifiés aujourd'hui d'acteurs majeurs en dit long. II reste cependant une contribution appréciable des Eglises Catholiques et Protestante à verser au dossier d'Addis-Abeba.

Plaise au Ciel qu'elle constitue une pression morale : en faveur de la paix au Congo, sur la communauté internationale, ce Janus à double visage, dont la responsabilité sur tout ce qui se passe en R.D.C. n'est pas à exclure », note-t-il, en conclusion de son adresse.

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