Les combats entre l'armée congolaise et le M23 dans les localités proche de Lubero centre, au sud de Butembo, entraînent de nouveaux déplacements massifs.
En République Démocratique du Congo, dans la province du Nord-Kivu, des violents affrontements sont signalés dans des localités près de Lubero centre. Depuis le début de la semaine, l'armée congolaise s'affronte à la rébellion du M23 dans les localités de Ndoluma, Kitsumbiro et Kivisire, plus au nord de la ville de Goma et au sud de Butembo.
Cette situation a occasionné des déplacements des populations et la fermeture de centaines d'écoles dans la zone. Déjà, depuis plusieurs mois, de nombreux établissements scolaires ont dû fermer suite aux combats sur l'axe Kirumba-Lubero. Et ces nouvelles attaques sont venues aggraver une situation déjà compliquée.
"Je vis ici dans une famille d'accueil, notre école n'était pas payée par l'Etat congolais, je vis difficilement ici", confie François Siriwayo, enseignait à l'école secondaire Mambasa-Mavono, un village au sud de Lubero. Désormais, il vit à Butembo, plus au nord.
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Vivre dans une famille d'accueil à Butembo
Il a cherché refuge dans cette ville du Nord-Kivu après la prise de son village par la rébellion M23, en décembre dernier. Depuis lors, il a perdu son travail et il n'a plus de nouvelles de ses élèves.
"Mes élèves sont dispersés, nombreux n'ont pas poursuivi les études là où ils se sont réfugiés, la guerre nous a tous dispersés, explique l'enseignant. Je ne sais plus à quoi ressemble mon village. J'ai seulement appris que certaines écoles sont occupées par des hommes en armes".
De nombreuses écoles primaires et secondaires de la sous-division éducative de Kitsumbiro, près de Lubero centre, sont fermées suite à l'offensive du M23 qui a gagné du terrain, fin 2024. Roger Katekere, responsable scolaire local, regrette que de nombreux enfants n'aient plus accès à l'éducation.
Il estime à "190 écoles sur 255 qui ne fonctionnent plus dans cette zone. A partir de Kaseghe, Hutwe, Alimbongo, Vutsorovia, Matembe (des villages situés sur la route Kirumba-Lubero), toutes les écoles n'ont même pas effectué la rentrée scolaire".
Depuis les récents bombardements des positions de l'armée congolaise par le M23 au début de la semaine, de nombreuses familles ont repris le chemin de l'exil vers Lubero centre.
Des élèves sommés de rentrer chez eux
Le ministre congolais de la Défense s'est rendu, mardi 11 février, sur la ligne de front, au sud de Lubero afin de remonter le moral aux soldats.
Mais à Lubero, Joslyne Nzenze de l'association Rien sans les femmes, estime que "c'est extrêmement regrettable de voir des activités scolaires perturbées. Nous voyons beaucoup d'enfants qui ne vont pas à l'école, qui se baladent, ils sont en train d'errer, surtout à Lubero centre. Pour nous, c'est vraiment alarmant parce que l'éducation de ces enfants est mise en jeu. Alors nous aurons quel pays demain, c'est vraiment une catastrophe ! Je crois que les autorités doivent réfléchir à la façon de récupérer tous enfants qui sont sortis dans des zones en conflit".
Selon la société civile locale, les combats entre l'armée congolaise et le Mouvement du 23 mars se rapprochaient de Lubero centre. Ce mercredi 19 février, des écoles ont dû renvoyer des élèves avant l'heure habituelle. Plusieurs centaines de familles ont ainsi quitté la cité de Lubero pour se réfugier dans la ville voisine de Butembo.