Gabon: Lastoursville - Une transformation en marche, entre avancées et interrogations

19 Février 2025

Depuis mai 2024, Lastoursville, située dans la province de l'Ogooué-Lolo, est au coeur d'un ambitieux programme de modernisation financé à hauteur de 2,3 milliards de FCFA par le président de la Transition, Brice-Clotaire Oligui Nguema. Piloté par la Caisse des Dépôts et Consignations, en collaboration avec le ministère de l'Intérieur et de la Sécurité, ce projet vise à rénover les infrastructures publiques essentielles. Si cette dynamique est globalement bien accueillie, des interrogations persistent quant à la gestion des fonds, la transparence des processus et l'implication réelle des acteurs locaux.

Des infrastructures modernisées pour une ville en pleine mutation

Les chantiers engagés concernent plusieurs secteurs clés :

Éducation : réhabilitation des écoles publiques et catholiques par l'entreprise M.A.A.

Sécurité : construction d'un commissariat de police.

Patrimoine : restauration de la stèle de Wongo, confiée à l'entreprise GIL'ART.

Sports et culture : rénovation de l'esplanade de la mairie, confiée à l'entreprise M.A.M, dirigée par Gervais Tsianga. Le chantier, achevé le 18 février 2025, a permis la mise en pavé de 2 680 m², incluant la création d'un passage piéton et d'un parking public. Une avance de 30 % a été versée pour assurer une gestion fluide des ressources, garantissant le paiement régulier des ouvriers et une exécution sans interruption.

La stèle de Wongo : un symbole historique remis en valeur

La restauration de la stèle de Wongo, un monument historique majeur pour Lastoursville, a été confiée à l'entreprise GIL'ART, spécialisée dans la conservation du patrimoine. Ce site emblématique, qui a marqué la première halte officielle du président de la Transition lors de sa tournée dans le département de Mulundu, revêt une importance capitale pour l'identité de la commune.

Cette initiative s'inscrit dans une logique plus large de mise en valeur du patrimoine local, permettant à Lastoursville de s'identifier à travers un monument fort, à l'instar de la Tour Eiffel pour Paris ou de la stèle de Kombe à Lambaréné. « Ce projet représente un défi technique et artistique. Notre mission est de préserver l'essence historique de la stèle tout en assurant sa pérennité pour les générations futures. » - Monsieur Moubélé, représentant GIL'ART

L'implication de GIL'ART dans ce projet témoigne de la volonté des autorités de s'appuyer sur des compétences locales qualifiées pour assurer un travail de qualité. Cependant, comme pour d'autres chantiers, certains habitants s'interrogent sur le coût et la durée des travaux.

Des écoles rénovées, mais des doutes sur certains projets

L'éducation est au centre des priorités, avec des améliorations notables dans plusieurs établissements scolaires :

École publique de Ndoumbou : 8 vestiaires construits, ainsi qu'un puisard et une fosse septique.

École catholique de Bamboro : 8 vestiaires aménagés, dont 6 pour les élèves et 2 pour les enseignants.

École publique de Mandji : 6 nouveaux vestiaires ajoutés.

Lycée Jean-Arsène Bounguenza : modernisation comprenant l'installation de climatiseurs, la mise en place de rampes d'accès et la construction d'un plateau sportif de 43m x 21m.

Cependant, dans le district de Matsatsa, certains habitants pointent du doigt l'absence de certains projets initialement annoncés, notamment la réhabilitation de la salle polyvalente et la construction d'une tribune officielle. De plus, la réfection de l'école Bambéra Biyoko, évaluée à 47 millions de FCFA, suscite des interrogations sur l'adéquation entre les fonds alloués et les travaux visibles.

Face à ces critiques, les autorités locales invitent les populations concernées à proposer des alternatives respectant trois critères :

- Un budget réaliste pour garantir une répartition équitable des ressources.

- Le recours à des entreprises locales enregistrées afin de soutenir l'économie et assurer la qualité des travaux.

- Des offres détaillées soumises rapidement pour éviter des retards d'exécution.

Cette approche vise à associer davantage les populations aux décisions, tout en assurant une meilleure transparence.

Ndangui : des acquisitions confirmées, mais des obstacles logistiques

Le district de Ndangui devait bénéficier d'une partie de l'enveloppe présidentielle pour des projets choisis par les populations elles-mêmes. Si certaines rumeurs laissaient penser que les promesses n'avaient pas été tenues, les acquisitions ont bel et bien été réalisées :

- 6 pirogues 4m30 caps : prêtes, dont 2 seront livrées dans les prochains jours.

- 5 véhicules Toyota Hilux 4x4 double cabine : achetés et en attente d'acheminement.

- 12 tronçonneuses 070 guide 90 cm : achetées et prêtes à être livrées.

Cependant, un problème logistique majeur est apparu : la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) a refusé de prendre en charge les frais d'assurance et de transport des équipements. Face à cette situation, Hermann Immongault, ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, a dû intervenir pour débloquer la situation.

Grâce à cette intervention, la livraison des équipements devrait être effective dans les prochaines semaines, permettant ainsi aux habitants de Ndangui de bénéficier pleinement des engagements pris en leur faveur.

Surfacturation : Gervais Tsianga se défend

La question des coûts des travaux, notamment ceux de l'esplanade de la mairie, suscite aussi des interrogations. En réponse aux accusations de surfacturation, Gervais Tsianga, patron de l'entreprise M.A.M, rejette toute malversation :

« Je ne me reproche rien. Ceux qui critiquent ne savent pas tout. Il y a les coûts des matériaux, les charges des ouvriers... Chaque franc a été utilisé à bon escient. »

Une dynamique à encadrer pour un avenir inclusif

Si Lastoursville est en pleine mutation, Ndangui voit enfin ses attentes se concrétiser, malgré des difficultés administratives et financières. Cette transformation doit être menée avec rigueur et concertation pour éviter que certaines populations ne soient laissées pour compte. L'heure est à la vigilance et à l'exigence de transparence pour que ces financements profitent réellement aux citoyens.

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