Au Kenya, c'est l'indignation, suite au lancement, mardi 18 février, à Nairobi, de l'Alliance fondatrice pour le Soudan. Cette coalition, bâtie autour des Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemedti, entend créer un gouvernement parallèle à celui de Port-Soudan, dirigé par l'armée soudanaise. Et ce, alors que le général Hemedti est sous sanctions américaines, accusé de perpétrer avec ses troupes, un génocide au Darfour. Au Kenya, une partie du monde politique et de la société civile, ne comprend pas que Nairobi ait pu accueillir un tel événement.
« Aujourd'hui, nous accueillons des seigneurs de guerre », écrit sur X, l'ancien vice-président kényan Rigathi Gachagua. « Nous faisons la Une des journaux pour avoir découvert une nouvelle façon d'embarrasser la nation », dit-il encore.
Pour l'avocat et militant pour une bonne gouvernance, Willis Evans Otieno, « le Kenya ne peut se permettre de devenir un terrain fertile pour les insurrections étrangères ». Car l'événement du 18 février a des airs de déjà-vu. En décembre 2023, c'est en effet aussi à Nairobi qu'est née l'Alliance fleuve Congo, la branche politique du M23, un groupe armé aujourd'hui en pleine offensive dans l'Est de la RDC.
Nairobi, « capitale de l'oppression transnationale »
« Nairobi est non seulement devenu le refuge des persona non grata, mais aussi la capitale de l'oppression transnationale », s'indigne Martin Mavenjina, de la Commission kényane des droits de l'homme. Depuis plusieurs années, les enlèvements d'opposants politiques étrangers se multiplient. En novembre, l'Ougandais Kizza Besigye a notamment été kidnappé à Nairobi, avant de réapparaître quelques jours plus tard devant une Cour martiale de son pays.
« Le Kenya ne respecte plus aucune loi internationale », se désespère Otsieno Namwaya de Human Rights Watch (HRW), qui s'interroge sur le devenir du pays sur la scène internationale.