La France a rétrocédé à la Côte d'Ivoire la base militaire qu'elle occupait depuis 50 ans près d'Abidjan.

Il s'agit d'un départ concerté contrairement à d'autres pays africains. Le retour dans le giron ivoirien de la base abritant le 43e Bima à Port-Bouët a été acté lors d'une cérémonie en présence des ministres de la Défense des deux pays, Téné Birahima Ouattara et Sébastien Lecornu.

Le drapeau national de la Côte d'Ivoire a été hissé sur la place d'armes de cette base stratégique, et rebaptisée du nom de Thomas d'Aquin Ouattara, premier chef d'Etat-major de l'armée ivoirienne. "Cet acte marque une nouvelle étape dans les relations d'amitié et de coopération stratégique entre nos deux nations", a déclaré ce dernier. "Le monde change il est évident que notre relation de défense devait évoluer", a souligné Sébastien Lecornu, saluant un moment "historique" .

"La France transforme sa présence mais ne disparaît pas", a-t-il ajouté. Tene Birahima Ouattara a tenu à "rassurer" la France que la coopération militaire serait à l'avenir "aussi bonne qu'elle a toujours été". Cette rétrocession, annoncée le 31 décembre par le président ivoirien Alassane Ouattara, ponctue un processus initié il y a deux ans entre les deux pays, et alors que la France a annoncé sa volonté de réorganiser son dispositif militaire en Afrique.

La Côte d'Ivoire fait figure d'exception dans un paysage défiant sinon hostile envers la présence française. Le pays a gardé des liens privilégiés avec la France depuis son indépendance en 1960, malgré une décennies de crise dans les années 2000.

Ce partenariat va se poursuivre: le retrait des soldats va s'opérer progressivement au cours de l'année 2025 et environ 80 d'entre eux vont se maintenir sur la base pour des missions de formation et d'accompagnement. Les liens entre les deux armées remontent à 1961, et un accord de défense signé au lendemain de l'indépendance, mais la présence française sur le territoire remonte à l'époque coloniale. Le 43e Bima s'est installé en 1978 sur cette base.

En novembre 2004, le 43e Bima avait servi de refuge à des civils français victimes de pillages lors des manifestations antifrançaises. Au plus fort de cette crise entre les deux pays, marquée par plusieurs morts côté ivoirien, la France a compté plus de 5000 militaires dans le pays.