Niger: Au pays, des sombres perspectives pour la démocratie

communiqué de presse

Une Commission nationale appelle à une transition de cinq ans au minimum et à l'amnistie pour les dirigeants du coup d'État

Il y a des avantages à être au pouvoir au Niger, où les règles sont en train d'être réécrites par ceux aux commandes.

Jeudi, une commission nationale, représentant les participants aux pourparlers sur la transition du pays vers un régime démocratique, a recommandé une période de transition de cinq ans au minimum, qui peut être prolongée si nécessaire.

En juillet 2023, la garde présidentielle a renversé le président démocratiquement élu du Niger, Mohamed Bazoum, plaçant le pays sous le contrôle d'une junte militaire qui avait initialement proposé une limite de trois ans pour la transition vers un régime civil. L'opposition politique et les organisations de la société civile du pays ont largement boycotté les pourparlers.

La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) avait rejeté ce plan initial d'une transition de trois ans. Ces tensions avec la CEDEAO, entre autres, ont conduit le Niger à quitter l'organisation, tout comme le Mali et le Burkina Faso, deux autres pays du Sahel qui ont également subi des coups d'État militaires ces dernières années.

La commission nationale a également recommandé la dissolution des partis politiques nigériens, qui, sans surprise, n'étaient pas représentés au sein de cette commission.

La commission a en outre recommandé que le chef de la junte, le général de brigade Abdourahamane Tiani, soit promu au rang de général de l'armée, renforçant d'autant plus son pouvoir. Elle a également recommandé une amnistie générale pour tous les participants au coup d'État, et de leur permettre de participer aux élections.

Cette annonce est survenue dans un contexte de dégradation de la situation sécuritaire au Sahel depuis l'arrivée au pouvoir des juntes au Niger, au Mali et au Burkina Faso. Des civils ont été pris entre deux feux lors des combats entre les groupes armés islamistes et les forces gouvernementales, ciblés lors d'atrocités commises par les deux camps, et plus de 3 millions de personnes ont été déplacées, selon l'agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Une amnistie générale pour les personnes impliquées dans le coup d'État priverait les victimes de leur droit de demander justice et renforcerait l'impunité. L'ancien président Mohamed Bazoum et son épouse sont toujours détenus arbitrairement par la junte, pour des raisons politiques.

Cette consolidation du pouvoir proposée remet en question l'espoir qu'avaient les Nigériens d'une transition vers un régime civil et des élections crédibles, libres et équitables dans un futur proche.

La démocratie au Niger a pris un coup en 2023. Avec les nouvelles recommandations de la commission, l'avenir de la fragile démocratie nigérienne s'annonce encore plus sombre.

 

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