Burkina Faso: N'Djamena/Ouaga - Même combat !

24 Février 2025

La visite d'amitié et de travail de 48 heures, que le Président tchadien, le maréchal Mahamat Idriss Deby Itno, a effectué, les 21 et 22 février 2025 à Ouagadougou, a permis de raffermir les relations entre le Tchad et le Burkina Faso. La coopération entre les deux Etats, qui existe depuis belle lurette, a subi un coup de fouet, ce qui laisse présager d'un avenir meilleur. Au cours de ce déplacement, l'hôte du capitaine Ibrahim Traoré, dont le pays est invité d'honneur, a assisté à la cérémonie d'ouverture de la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).

Le maréchal Deby Itno a également visité, le Mémorial Thomas-Sankara, où il a rendu hommage au père de la Révolution d'août 1983, un « africaniste né », comme il l'a mentionné dans le livre d'or du site. Mieux, le chef de l'Etat tchadien et son homologue burkinabè ont eu un tête-à-tête, suivi d'une séance de travail élargie aux deux délégations. Cette rencontre de haut niveau a permis aux deux parties de convenir de la nécessité de bâtir une coopération « ambitieuse » et « mutuellement bénéfique ».

Aussi le maréchal Deby et le capitaine Traoré ont-ils envisagé l'organisation « dans de meilleurs délais » d'une commission mixte de coopération pour renforcer le cadre de partenariat entre le Tchad et le Burkina. La tenue de cette commission mixte, instituée par un accord-cadre signé en mars 2005, devrait permettre d'asseoir véritablement les tenants de la coopération entre les deux pays. Et ce ne sont pas les centres d'intérêt qui manquent. Etats sahéliens partageant pratiquement les mêmes réalités, le Tchad et le Burkina Faso sont confrontés à des défis sécuritaire et socioéconomique importants.

Depuis plusieurs années, l'armée tchadienne fait face au groupe terroriste Boko Haram ou à des mouvements politico-militaires comme le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), accusé d'avoir tué Deby père au front, en avril 2021. Pour sa part, l'armée burkinabè affronte au quotidien des groupes armés terroristes, depuis quasiment une décennie.

Que ce soit au Tchad ou au Burkina, d'énormes sacrifices sont consentis face à l'adversité, mais il reste fort à faire à cause des poches de résistance. Au regard de ces menaces à la stabilité des deux pays, la question sécuritaire devrait prendre une place importante dans la relance de leur coopération bilatérale. Le contexte de lutte contre le terrorisme au Sahel impose de fait cette collaboration face à l'ennemi commun, qui change constamment de méthodes.

D'autres domaines sont également à prendre en compte, étant donné qu'au moins 3 000 Tchadiens vivent au Burkina et autant de Burkinabè, voire plus, au pays du maréchal Deby. En janvier 2024, l'ambassadeur du Tchad au Burkina Faso, Mahamat Saleh Adoum Ahmat, avait levé un coin de voile sur ces centres d'intérêt, au cours d'une audience avec le chef de la diplomatie burkinabè, Karamoko Jean Marie Traoré. Le Tchad est intéressé à porter à un niveau très appréciable, le niveau de coopération avec le Burkina dans des secteurs tels que l'enseignement supérieur et la formation professionnelle.

Entre autres, la gestion de l'eau, l'agriculture, la lutte contre la désertification sont des questions qui retiennent aussi l'attention à N'djamena et à

Ouagadougou. Les discussions pour renforcer la coopération devraient tourner autour de ces aspects. La tenue de la commission mixte permettra d'apporter plus de lumière aux ambitions des dirigeants tchadiens et burkinabè. Au-delà de la consolidation des liens entre les deux peuples, certains observateurs espèrent que le Tchad va rejoindre le Burkina, le Niger et le Mali au sein de la Confédération des Etats du Sahel (AES). Ils fondent espoir, d'autant plus que le Niger et le Mali partagent les mêmes défis sécuritaire et socioéconomique que le Tchad. Cette option n'est pas à exclure.

Le maréchal Deby, dont le pays vient également de se séparer de l'armée française, est attaché au combat pour la souveraineté vraie et le développement

économique et social des Etats africains. Il pourrait alors frapper à la porte de l'AES, qui a engagé cette lutte pour l'émancipation avec détermination et mettre fin aux spéculations. L'avenir nous le dira....

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