Félix Tshisekedi veut former un gouvernement d'union nationale. Son annonce est diversement appréciée dans le pays. Joseph Kabila est sorti de sa réserve.
Au lendemain de l'adoption d'une résolution par le Conseil de sécurité des Nations unies condamnant le soutien militaire du Rwanda à la rébellion duM23, résolution dont le président Félix Tshisekedi s'est félicité, ce dernier a réuni sa famille politique.
Lors de cette rencontre avec les membres de l'Union sacrée pour la nation et de l'UDPS, le week-end dernier, il a annoncé son intention de former un gouvernement d'union nationale et d'entreprendre des réformes au sein de sa famille politique.
Cependant, cette initiative ne fait pas l'unanimité, notamment auprès des partis d'opposition, qui restent sceptiques quant à ses véritables intentions.
C'est qu'exprime Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du PPRD, parti de l'ancien président Joseph Kabila.
"La résolution du Conseil de sécurité ne lui donnait pas le droit de créer une nouvelle Union sacrée. Il devrait plutôt chercher à dialoguer avec l'insurrection. S'il refuse toujours un dialogue interne, c'est qu'il est, d'une certaine manière, complice de ce qui se passe de l'autre côté."
Nécessité d'un dialogue
De son côté, Prince Epenge, porte-parole de la plateforme Lamuka, coalition dirigée par l'opposant Martin Fayulu, estime que seule l'initiative de la CENCO-ECC pourrait permettre au pays de sortir de la crise sociopolitique actuelle.
"Fayulu a toujours insisté sur le fait que les enfants du Congo doivent se parler. Il y a un chaos dans le pays, une urgence à rassembler les Congolais autour d'une même table. Jusqu'à présent, la seule initiative que nous reconnaissons et soutenons est celle de la CENCO-ECC : un dialogue entre Congolais avec toutes les parties prenantes."
Considérant le dialogue comme une voie privilégiée vers la paix, l'ancien président Joseph Kabila a également souligné cette nécessité dans une tribune dans le journal sud-africain, The Sunday Times, après une longue période de silence.
Pour Patrick Mundeke, conseiller jeunesse de l'opposant Moïse Katumbi, Joseph Kabila a exprimé ce que de nombreux Congolais pensent.
"En deux pages, Kabila a décrit tous les maux dont souffre le Congo. Il a appelé les Congolais à faire preuve de lucidité. À demi-mot, il nous invite à chasser M. Tshisekedi du pouvoir. Il a également demandé à la SADC et à l'Afrique du Sud de ne pas envoyer de troupes. Je partage son avis : on ne peut pas continuer à soutenir un pouvoir dictatorial en République démocratique du Congo. Kabila a raison."
La question des minerais
Outre la formation d'un gouvernement d'union nationale, certains acteurs ont également réagi au sujet des minerais de la RDC proposés par Felix Tshisekedi aux États-Unis comme moyen de rétablir la paix dans l'Est du pays. Une approche jugée inefficace par Roger Manzekele, membre de la société civile et du mouvement citoyen des Indignés.
"Si les États-Unis et les multinationales s'intéressent aux ressources souterraines, autrement dit aux minerais, le Rwanda et l'Ouganda, eux, visent le contrôle du territoire. Ils cherchent à occuper des espaces stratégiques, à établir une zone d'influence et, pourquoi pas, à balkaniser notre pays."
À l'issue de leurs consultations avec diverses personnalités en vue de renforcer la cohésion nationale, les délégués de la CENCO-ECC présenteront prochainement leurs conclusions au président Félix Tshisekedi.