Depuis quelques années la Cedeao fait face à quelques défis graves. L'institution sous régionale est aujourd'hui confrontée à un certain nombre de difficultés. C'est du moins le constat qui a été fait par Mathias Hounkpe, directeur régional de la fondation internationale pour les systèmes électoraux du Gabon.
Il présentait une communication sur les échecs de la Cedeao lors d'un panel organisé hier, lundi 24 février dans le cadre de la conférence préparatoire en prélude de la célébration des 50 ans de la Cedeao. Parmi ces difficultés, il a cité l'application des textes et l'utilisation des instruments que la Cedeao a apporté. « Malheureusement ces textes ne sont pas appliqués.
Prenez par exemple le mécanisme sur l'alerte précoce, par rapport aux autres régions d'Afrique, la Cedeao a le mécanisme le plus structuré. Mais on s'arrête à la collecte des informations. La plupart du temps, il y a des difficultés qui sont perçues durant des mois ou des années à l'avance à travers ce mécanisme d'observation. Mais, il n'y a pas de décisions, ni d'actions. Donc, les mécanismes existent mais ne sont pas utilisés », dénonce-t-il.
Selon lui, il faut un mécanisme de suivi et d'évaluation de la mise en oeuvre de ces textes pour qu'on soit en mesure dire ce qui marche ou ne marche pas. Le problème majeur auquel la sous-région est confrontée depuis quelques années est relatif au sentiment que la Cedeao est impuissante. « On assiste au déclin de la démocratie dans beaucoup de pays. Mais on n'a pas le sentiment que c'est une préoccupation de la Cedeao.
Je prends par exemple les coups d'Etats constitutionnels, le fait que l'on manipule les constitutions pour se maintenir au pouvoir. Nous connaissons le cas du Togo, de la Cote d'Ivoire de la Guinée. C'est comme si la Cedeao était incapable de réagir face à ces situations. La Cedeao n'a pas pu prévenir pour les empêcher », se désole -t-il. Pour lui, cela a créé des frustrations chez les citoyens. Parce que, souligne-t-il, au niveau de la Cedeao, près de 80% des citoyens sont pour la limitation des mandats.
« Lorsque les citoyens dans leur grande majorité sont pour la limitation des mandats et que les chefs d'Etats échappent à cette limitation sans réaction visible de la Cedeao, cela crée de la frustration et augmente la distance entre les citoyens et la Cedeao », a-t-il laissé entendre. La troisième catégorie de difficultés, c'est la gestion des coups d'Etats.
« La moyenne de la durée de la transition aujourd'hui c'est 38 mois. Le Mali a déjà fait 54 mois, le Burkina 37 mois et le Niger 19 mois. C'est comme si la Cedeao n'a pas suivi l'évolution de l'environnement régional et s'est comporté de la même manière il y a 12 ans, 15 ans alors que l'environnement a changé », soutient-il.