Les salles de classe de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, étaient désertes depuis une semaine, après la prise de la ville par les éléments de l'AFC/M23. Alors que la période des examens du premier semestre bat son plein, les élèves ont commencé à retourner timidement en classe depuis lundi 24 février. Un ordre des rebelles, suivi par les enseignants, mais auquel les parents d'élèves opposent une certaine réticence.
De retour dans son école primaire Ibanda 2, Antonia Nsimire Byamungu, la directrice, constate qu'il manque beaucoup d'élèves à l'appel dans les 16 classes que compte son établissement. « Depuis la première année jusqu'en 6e année, nous avons 20 élèves seulement : 8 filles et 12 garçons... Là où j'avais 816 élèves. Les autres ne sont pas encore là, peut-être qu'ils vont emboîter les pas des autres, progressivement. »
La semaine dernière, Léon Musagi, directeur par intérim de l'Éducation nationale et Nouvelle citoyenneté, a invité les responsables d'établissement et enseignants à préparer les salles de cours afin d'accueillir les élèves. Mais surtout, il leur avait demandé d'inspecter les salles de classe dans le but d'identifier toute présence d'engins explosifs ou d'accessoires militaires.
Une reprise qui inquiète les parents
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Pour certains parents, la mesure reste insuffisante. C'est le cas de Mamy, mère de quatre élèves. « J'ai vu une vidéo sur les réseaux sociaux sur laquelle des enfants de 13 ans avaient été massacrés à Goma. Cela m'a fait peur. Raison pour laquelle j'observe l'évolution de la situation dans un premier temps. Bien sûr, nous allons envoyer nos enfants à l'école, mais nous estimons que la sécurité n'est pas encore rétablie. »
Si certains établissements scolaires ont ouvert leurs portes, notamment les structures privées, les écoles secondaires sont restées quasiment vides lundi et mardi, sans parler des écoles situées dans les villages désertés par la population. Quant aux universités, elles demeurent fermées.
« Nous devons nous forcer pour sauver la vie de ces enfants »
Une erreur pour Nestor Manegabe Rubangiza, le directeur de l'école primaire Ibanda 3, qui considère que l'éducation des enfants doit continuer coûte que coûte. « L'école est apolitique, et nous devons nous forcer pour sauver la vie de ces enfants ».
De son côté, l'AFC/M23 s'est félicité pour cette réouverture et a exhorté la population à ne pas céder à la panique. Les rebelles appellent les parents à envoyer leurs enfants à l'école afin de ne pas compromettre leur avenir.