Pas question d'une séparation de la Casamance ! Les plénipotentiaires sénégalais restent fermes sur le problème politique de l'indépendance soulevée par les ailes réunifiées du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (Mfdc) lors du conclave de Bissau.
L'Etat du Sénégal très ferme a immédiatement rejeté cette question de séparation soulevée par le Mfdc. Lors de cette rencontre tenue en Guinée Bissau, certains points signés lors des accords de 2023 ont été enrichis. Les modalités du dépôt des armes et les mesures à prendre à ce sujet ont été discutés lors de ce conclave portant sur quatre points soulevés par le mouvement irrédentiste et allant des questions sécuritaires aux questions politiques en passant par les questions de justice et les engagements des ailes politiques et combattantes unifiées du Mfdc.
La lancinante question de l'extradition qui pèse sur certains responsables de l'aile extérieure du Mfdc a fait l'objet d'échanges. Toutefois, pour la question de l'amnistie abordée au cours de ce conclave de Bissau, le Comité provisoire des ailes réunifiées du Mfdc devra élaborer un mémorandum sur les faits visés tout comme il devra fournir une liste les personnes concernées sur la demande de grâce présidentielle qui ne peut être accordée qu'après condamnation définitive de la justice.
L'Etat du Sénégal a pris acte des engagements du comité provisoire, tout en précisant que le déminage humanitaire en Casamance et la sécurisation du processus de retour concerté des refugiés et des déplacés sont pris en compte par le Plan Diomaye Pour la Casamance. Les deux parties, celle dirigée par l'Amiral Pape Farba Sarr pour l'Etat du Sénégal et celle du Mfdc et de ses ailes réunifiées sous la houlette du chef rebelle César Atoute Badiate ont convenu de la mise en place d'une commission mixte de supervision et du suivi de l'application de l'accord de Bissau, conformément aux dispositions dudit accord.
Ces accords paraphés à Bissau entre l'Etat du Sénégal et le Mfdc sonnent-ils comme un nouveau tournant dans la recherche d'une paix définitive en Casamance ? La question trouve toute sa pertinence sur certaines décisions prises par l'Etat du Sénégal qui marque son empreinte sur un processus de paix qui aborde une nouvelle phase rassurante.
Mais, à la lumière de ce qui s'est dit à Bissau, tout semble tourner autour de l'évaluation des accords déjà signés avec le Mfdc en Août 2023. Aujourd'hui, les deux parties veulent aller plus loin que les simples déclarations faites après ces accords signés entre le Mfdc et l'Etat du Sénégal. Il faut rappeler qu'en 2023, l'Etat du Sénégal a paraphé un protocole d'accord avec le front sud du Mfdc et la faction de Diakaye qui ont convenu de déposer les armes pour fortifier un processus de paix qui prend un nouvel élan.
Ces conclusions prises à Bissau pourraient être un déclic sur l'instauration d'une paix définitive en Casamance et une bouffée d'oxygène pour des populations du sud entrainées dans une psychose de près de quarante ans de conflit en Casamance. Des ailes réunifiées du Mfdc dans la mouvance de ces accords, reste à convaincre la faction du chef rebelle Salif Sadio toujours réticente qui semble se démarquer de ces accords.
Les éléments de ce chef rebelle non concernés ou « pas impliqués » continuent de briller par leur indifférence à ces discussions avec l'Etat du Sénégal même s'ils adoptent depuis une posture « calme » Qui pour enclencher des discussions avec cette faction « radicale » de Salif Sadio aphone depuis le démantèlement des bases rebelles du Nord Sindian par l'armée Sénégalaise.
Le chef rebelle se « cantonne » t-il dans son ancienne posture et exigeante au point qu'il est difficile voire « impossible » d'enclencher des discussions avec lui ? Ou l'Etat du Sénégal cherche-t-il d'abord à rassembler des factions du mouvement qui affichent leur volonté de cheminer pour cette paix avant de s'orienter vers Salif Sadio ? Des interrogations qui méritent d'être soulevées surtout que depuis la médiation de Sant'Egidio qui avait permis la libération des sept soldats sénégalais capturés dans la zone frontalière avec la Gambie par les hommes de Salif Sadio en 2022, les contacts avec le chef rebelle sont devenus rares pour ne pas dire inexistants.
Le chef rebelle et ses hommes ont fini par se replier sur eux-mêmes qualifiant souvent les discussions entre les autres factions rebelles et l'Etat du Sénégal de compromis par leurs frères d'armes. Si pour bon nombre d'observateurs, la paix définitive en Casamance passe par la réunification de toutes les factions rebelles, y compris celle de Salif Sadio pour d'autres en multipliant ces accords avec des factions rebelles en phase avec le processus de paix, la Casamance frappée par des décennies de conflit n'est plus loin du bout du tunnel. Avec le rôle désormais joué par les voisins de la Guinée Bissau et de la Gambie, zones de repli souvent des éléments du Mdfc, l'espoir est permis pour une paix définitive en Casamance.
Reste à convaincre certaines poches de résistance à adhérer a ce processus de paix désormais dans une nouvelle dynamique qui suscite beaucoup d'espoir pour les populations du sud qui attendent de voir du concret.