Centrafrique: Un mois après l'arrivée du carburant russe, des doutes persistent sur sa gestion

En Centrafrique, plus d'un mois après la livraison de 30 000 tonnes de carburant (soit plus de 36 millions de litres) offertes par la Russie, des voix s'élèvent en République centrafricaine pour réclamer plus de transparence dans la gestion des recettes générées par cette cargaison. Pays enclavé au coeur de l'Afrique, la RCA dépend des ports des pays voisins pour ses importations.

Ce carburant a transité par le port de Limbé, au Cameroun, avant d'être acheminé sur le territoire centrafricain. Mais la société civile, l'opposition et une partie de la population redoutent une gestion opaque des bénéfices. Certains accusent les autorités d'avoir mis en place des stratégies pour se les approprier, des accusations fermement rejetées par le gouvernement.

Un mois après le déchargement de la cargaison au Cameroun, les opposants du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC) critiquent l'absence de clarté sur l'utilisation des revenus générés par la vente du carburant. « Nous voulons que les ressources tirées de la vente de ces carburants soient inscrites dans les tableaux et opérations financières de l'État, qu'elles viennent en déduction du besoin de trésorerie de l'État. Car aujourd'hui, l'État centrafricain est obligé de s'endetter sur le marché monétaire et bancaire à des taux prohibitifs pour son fonctionnement », explique Martin Ziguélé, porte-parole du BRDC.

Une gestion discutée devant l'Assemblée nationale

Face aux critiques, le ministre des Finances, Hervé Ndoba, est intervenu ce lundi 24 février dans la version en Sango de l'émission Parole au gouvernement sur la Télévision Centrafricaine (TVCA). Il a assuré que la gestion du carburant sera discutée devant l'Assemblée nationale.

« Lorsque nous avons présenté le nouveau budget, le gouvernement n'avait pas encore reçu la confirmation de ce don. Beaucoup de personnes pensent que la vente de ce carburant ne se fera pas dans la transparence. Mais je vous assure qu'en avril prochain, je serai devant l'Assemblée nationale, lors du collectif budgétaire, pour parler de ce don. Je précise que tous les événements majeurs qui n'ont pas été pris en compte seront rajoutés à la nouvelle loi des finances », a déclaré Hervé Ndoba.

En attendant, l'impact de la hausse des prix du carburant depuis janvier 2023, qui a grimpé de près de 80 %, se fait lourdement ressentir dans le quotidien des Centrafricains. La société civile réclame que l'intégralité de ce don soit acheminée et vendue en RCA, afin de stabiliser les prix et renflouer les caisses de l'État.

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