En plus des délestages habituels, depuis quelque temps une situation tragique et frustrante frappe le quotidien de nombreuses familles : l'absence d'électricité permanente. La cause ? Les compteurs défectueux, appelés pompeusement « compteurs intelligents » qui ont été installés sans avis ni accord des abonnés.
Ces compteurs ZTE achetés par la JIRAMA sur le projet PAGOSE, ont un besoin de remplacement de firmware (logiciel). Cependant, la JIRAMA qui les a choisis est dans l'incapacité de répondre à cette exigence. Résultat, tous les abonnés à qui on les a imposés, se retrouvent sans électricité sans préavis ! La solution ? Les remplacer par d'autres compteurs... Pour quel coût et dans quel délai ?
Au lieu de bénéficier d'une solution rapide et professionnelle, on se retrouve face à un dilemme : quémander un compteur de remplacement que l'on vous propose moyennant une somme exorbitante et livrable sans facture, ou attendre près de six mois avant de pouvoir être raccordé à nouveau au réseau.
Cette situation met en lumière une gestion déplorable et des pratiques douteuses qui n'affectent pas seulement les familles concernées, dont je fais partie, mais aussi toute la population malgache.
Que faire lorsqu'une société d'État, censée offrir des services publics essentiels, propose des solutions informelles pour régler un problème qui relève de sa responsabilité ? Sans électricité, avec une coupure qui s'éternise, les pertes subies sont considérables. Entre autres, on peut citer tous les aliments stockés dans les frigos et congélateurs qui deviennent impropres à la consommation. Mais il y a encore plus grave ! La santé, si ce n'est la vie, de tous ceux qui, à domicile, utilisent des appareils médicaux dépendant de l'alimentation électrique, tels les concentrateurs à oxygène, est en péril !
Que le préposé de la JIRAMA propose un remplacement « hors circuit » pour la somme de 500 000 Ar un compteur sans facture, au lieu d'une intervention rapide, met en évidence un phénomène inquiétant : une partie des employés de la société d'État pratique une forme de corruption institutionnalisée qui nuit à l'intérêt des citoyens. Non seulement cela prive l'État de recettes fiscales, mais cela encourage une économie parallèle qui gangrène les services publics.
La JIRAMA, à l'instar d'autres entreprises publiques, semble gérer ses affaires avec un manque flagrant de professionnalisme. Le remplacement d'un compteur ne devrait pas être un combat, mais un service immédiat. Le fait que nous devions attendre six mois pour un nouvel équipement est inacceptable. Cette lenteur administrative est symptomatique d'une gestion déficiente qui touche tous les secteurs d'activité dans le pays.
Je tiens à souligner qu'il ne s'agit pas ici d'accuser l'ensemble des employés de la JIRAMA, ni des fonctionnaires des entreprises publiques, mais de pointer du doigt une minorité de personnes véreuses qui, par leurs actes, dévalorisent l'intégrité de toute l'administration publique. Il est urgent que l'État prenne les mesures nécessaires pour rétablir la confiance des citoyens. Des audits, une meilleure transparence, une gestion plus rigoureuse des ressources, et une lutte réelle contre la corruption sont des mesures qui doivent être prises pour sauver la JIRAMA et d'autres sociétés publiques du naufrage.
Je fais appel à tous ceux qui partagent ces préoccupations à se faire entendre. Il est grand temps que Madagascar redresse la barre et offre à ses citoyens les services dignes d'un pays moderne.
En conclusion, en tant que catholique, en tant que croyant, je crois profondément que l'éthique et la morale doivent guider nos actions quotidiennes, en particulier celles qui affectent notre communauté. Il est écrit dans l'Évangile de Matthieu, chapitre 7, verset 12 : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. » Ces mots résonnent avec une grande vérité. Le respect des autres, la justice et la transparence devraient être les principes directeurs de toute administration publique, et non la recherche du profit personnel à travers des pratiques mafieuses.
Les pratiques de corruption et de négligence que nous voyons aujourd'hui dans des institutions comme la JIRAMA ne sont pas seulement une trahison envers l'État, mais aussi envers Dieu. Chaque acte de malhonnêteté, chaque paiement « sous la table » pour un service qui devrait être public, nuit à l'harmonie et à la justice dans notre société. Nous devons nous rappeler que l'intégrité est une vertu qui ne se négocie pas, et que la malhonnêteté, même sous des formes discrètes, dégrade la qualité de vie de tout un peuple.
Il est temps de revenir à la sagesse des enseignements qui nous ont été donnés : l'amour du prochain, la vérité et la justice. La sagesse chrétienne nous enseigne que « le juste gouverne avec droiture » (Proverbes 20:28). Si chaque acteur de la société, du citoyen au fonctionnaire, prend à coeur ce principe, nous pourrons créer un cercle vertueux où la responsabilité, la transparence et l'honnêteté ne seront pas des exceptions, mais des règles de conduite.
Si nous voulons voir Madagascar prospérer, nous devons oeuvrer ensemble pour rétablir l'ordre, la justice et la confiance. En tant que société, nous devons cesser de tolérer ces pratiques et revenir à des valeurs de partage, de solidarité et de respect mutuel. Que ce retour aux principes divins et moraux guide nos actions, et que chacun de nous soit un agent du changement dans cette quête pour la justice sociale.