L'audience de l'affaire dite de vente d'une aire de jeux dans le quartier huppé de Ouaga 2000, impliquant des agents et des responsables de la Société nationale d'aménagement des terrains urbains (SONATUR), s'est poursuivie le mercredi 26 février 2025 au Tribunal de Grande Instance Ouaga I. Le procureur a requis des peines d'emprisonnement avec sursis allant de 18 à 48 mois, ainsi que des amendes s'échelonnant de 10 millions à 1 milliard de francs CFA. Le ministère public a également demandé la confiscation des parcelles appartenant aux prévenus.
Une affaire dans l'affaire. L'instruction a révélé une situation complexe concernant la vente d'une aire de jeu à Ouaga 2000. Lorsque les riverains ont découvert que l'espace qu'ils utilisaient pour divers loisirs allait être vendu à un particulier, ils se sont organisés pour manifester leur désaccord. Leur mobilisation a été entendue, et la SONATUR est intervenue pour mettre fin au projet de vente.
Derrière cette vente, qui ne respectait visiblement pas les règles en vigueur, se trouvait un employé de la SONATUR, Moussa Ki. Ce dernier, n'ayant pas obtenu l'approbation de ses supérieurs pour la vente de l'aire de jeu, a été licencié. N'ayant plus rien à perdre, Moussa Ki a décidé de dénoncer les pratiques illégales au sein de son ancienne entreprise auprès des autorités compétentes.
Grâce aux documents fournis par Moussa Ki, il a été découvert qu'entre 2019 et 2023, la SONATUR, qui ne vendait plus de parcelles aux particuliers, trouvait des moyens d'en attribuer à ses employés. Du directeur général à l'agent de liaison, chacun a reçu au minimum une parcelle. Par exemple, un agent de liaison a révélé le 10 février 2025 avoir reçu quatre parcelles entre 2018 et 2022. D'autres en ont reçu dix, et certains même quinze.
Ce système d'attribution de parcelles aux employés était une stratégie de la SONATUR pour augmenter son chiffre d'affaires, une pratique que le procureur a qualifiée de non conforme aux règles de l'entreprise. Résultat : vingt-trois personnes sont actuellement jugées pour prise illégale d'intérêt, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, et complicité d'enrichissement illicite. Parmi ces prévenus, deux ne sont pas employés de la SONATUR. Les vingt et un autres sont des agents ou d'anciens responsables de la Société nationale d'aménagement des terrains urbains.
Parmi les réquisitions du parquet, Tinsakré Konkobo n'est pas bien loti. Le ministère public a requis contre lui une peine de 36 mois d'emprisonnement ferme et une amende de plus d'un milliard de francs CFA. Tinsakré Konkobo n'est pas un agent de la SONATUR.
Le parquet a demandé la relaxe des prévenus de la SONATUR poursuivis pour blanchiment de capitaux, estimant que l'infraction n'était pas constituée. Le parquet a également demandé la confiscation des parcelles des prévenus.
Avant les réquisitions du procureur, la SONATUR s'est constituée partie civile. L'affaire est désormais dans sa phase finale, avec les plaidoiries des avocats.