Et voilà une nouvelle candidature de l'opposition ! A 8 mois de l'élection présidentielle camerounaise, qui doit avoir lieu en octobre prochain, Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya a, en effet, déclaré sa candidature à la magistrature suprême, le 21 février.
Il y a quelques mois de cela, la maire de la commune de Foumban avait fait parler d'elle à l'issue d'une brève audience de cinq minutes avec le président Paul Biya qui avait fait beaucoup de bruit. Les ambitions de la présidente de l'Union démocratique camerounaise (UDC) viennent s'ajouter à d'autres prétentions d'opposants qui avaient déjà déclaré leur candidature. Ainsi de Maurice Kamto du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), de Me Akere Muna du parti Univers et de Cabral Libii du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN).
Le tout n'est pas d'afficher ses ambitions, encore faut-il réussir l'examen de passage d'Elecam, l'organe chargé de l'organisation des élections au Cameroun, qui fera un premier tamisage avant que le Conseil constitutionnel n'arrête définitivement la liste des prétendants.
Rappelons qu'en vertu du Code électoral, dont certains politiques demandent la relecture, pour être candidat, il faut être investi par un parti politique représenté à l'Assemblée nationale, au Sénat, dans un conseil municipal ou régional ou alors se faire parrainer comme candidat indépendant ou candidat d'un parti non représenté. Dans ce cas de figure, il faudra engranger au moins 300 signatures d'élus ou de chefs traditionnels du premier degré à raison de 30 signatures pour chacune des 10 régions du pays. Autant dire une véritable course d'obstacles qui se dresse devant les candidats putatifs avant de pouvoir être sur la ligne de départ.
Il y a donc loin de la déclaration de candidature à la candidature elle-même. Avec la dernière déclaration, ils ne sont pas moins d'une dizaine de partis d'opposition qui affichent leurs ambitions. Et si toutes ces candidatures venaient à être validées, ce serait l'échec de la volonté de la candidature unique chantée par beaucoup, mais qui dans la réalité tarde et éprouve de sérieuses difficultés à se mettre en place.
D'une part, l'Alliance politique pour le changement (APC), née dans la foulée de la candidature de Maurice Kamto en décembre 2023, et, d'autre part, l'Alliance pour la transition politique (ATP). Deux camps différents pour une candidature de l'opposition censée être unique, même si pour certains observateurs, cela n'est pas forcément contradictoire.
Certains estiment, en effet, qu'il faut attendre le verdict final du Conseil constitutionnel pour voir ceux qui seront retenus afin de pouvoir choisir définitivement le candidat de l'opposition le mieux placé pour affronter Paul Biya. En vérité, il y a fort à parier que ce projet, bien que noble, risque de se heurter à l'orgueil et aux ambitions individuelles.
Au demeurant, qu'ils aillent unis derrière un seul candidat ou qu'ils prennent le départ en rangs dispersés face à une machine colossale du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), on se demande ce que peut bien faire cette opposition face au monarque d'Etoudi qui n'a certes pas encore fait acte de candidature, même s'il n'y a pas le moindre doute qu'il sera de nouveau candidat à sa propre succession.
Après 42 ans de présidence et à 92 ans, ses partisans, du président de l'Assemblée nationale aux chefs traditionnels en passant par des partis comme l'Union des populations du Cameroun (UPC), le conjurent de rester aux affaires contre tout bon sens. Et on ne voit pas trop comment il pourrait résister aux chants de ces sirènes qui, en réalité, jouent leur propre survie politique et protègent leurs intérêts.
Mais cela dit, octobre, c'est encore bien loin, et Dieu seul sait ce qui peut se passer dans les 8 mois à venir dans ce Cameroun que le clan Biya considère comme une propriété familiale.