Cote d'Ivoire: Le trafic de grands félins alimenté par la médecine traditionnelle

Des peaux, des queues et des crocs utilisées pour leur pouvoir mystique. En Côte d'Ivoire, le commerce de restes de lions ou de léopards persiste malgré son interdiction, révèle une enquête de l'ONG de protection de la faune Panthera, publiée au début du mois. Sur 46 marchés visités dans tout le pays, des produits dérivés de léopards ou de lions peuvent être trouvés dans la moitié d'entre eux. L'explication avancée est que les guérisseurs traditionnels les utilisent pour fabriquer des amulettes ou des ceintures réputées « magiques ».

C'est un carré de peau aux poils dorés posé sur un étal discret de ce marché du sud d'Abidjan. Les marchands le cachent sous les crânes de chauves-souris et les cuirs d'antilope. « C'est le lion qui est là. On coupe cela à 1 000 francs, 2 000, 3 000 », explique un vendeur. « La peau de lion, quand on la trouve, on la divise, on la partage », ajoute un autre. Selon l'étude de Panthera, la peau entière du lion se négocie autour d'un million de francs CFA (environ 1524 euros).

Les restes sont ensuite transformés en gri-gris. Kassoume est chasseur dozo. Pour ce guérisseur, les grands prédateurs ont de grands pouvoirs. « Les lions, les panthères et les lionnes ont plus de pouvoir. Plus que les autres animaux. Les gens ont besoin de leur peau pour que quand ils sortent dans la foule, les gens aient peur et tremblent », dit Kassoume.

La ville de Korhogo serait l'un des carrefours de ce commerce

La ville de Korhogo, proche du Mali et du Burkina, serait l'un des carrefours de ce commerce. Maxime Kouadio travaille pour Eagle, une ONG de lutte contre le trafic d'animaux. « À Abidjan, il est difficile d'avoir des peaux. Il n'y a qu'à l'intérieur du pays que l'on constate encore qu'il y a des personnes qui s'adonnent à ce genre de pratiques. Mais ils sont beaucoup méfiants. S'ils se cachent actuellement, c'est qu'ils ont peur », observe-t-il.

Le commerce des restes de lions ou de léopards est aujourd'hui passible de dix à vingt ans de prison.

Pour lutter contre ce commerce-là, il faut aussi comprendre les réseaux d'approvisionnement.

Pour Janvier Aglissi, spécialiste béninois de la conservation de la faune sauvage, il faut un renforcement des contrôles mais aussi une meilleure compréhension des circuits commerciaux internationaux.

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