Congo-Kinshasa: Train de vie de l'Etat congolais - Et si c'était une partie du problème sécuritaire!

C'est une véritable artillerie lourde contre la gouvernance Tshisekedi qui a été sortie le 24 février dernier par des OSC congolaises, en collaboration avec le réseau panafricain des organisations de lutte contre la corruption.

Dans un nouveau rapport intitulé « Train de vie des institutions en RDC : le pillage systématique des revenus par les élites politiques », ces alerteurs sur la mal gouvernance mettent à nu l'accaparement des ressources financières de l'État par la classe dirigeante en RDC. Un premier rapport avait déjà lancé l'alerte sur la mal gouvernance en 2020.

Une mauvaise gestion qui se caractérise par des salaires faramineux pour les présidents d'institutions, les membres du gouvernement, les parlementaires et leurs conseillers. Il est ainsi souligné dans ce rapport, l'écart plus qu'abyssal entre les émoluments d'un député qui perçoit mensuellement 21 000 dollars US et le salaire d'un enseignant, d'un soldat ou d'un policier qui est d'environ 100 dollars US.

A côté de ces injustices flagrantes dans la répartition des ressources de l'Etat, le rapport souligne le manque de transparence dans le recrutement des agents publics avec des emplois fictifs grassement rémunérés y compris à la présidence de la république. Il stigmatise aussi, la hausse indue de salaires suivant des barèmes revus à la va-vite malgré la guerre dans le Sud- Kivu et la récession économique.

Il s'en suit que les dépenses de fonctionnement de l'administration engloutissent 93% du budget laissant une part congrue aux investissements qui plus est, ne se font pas, selon les programmations initiales dans la loi budgétaire. Quid de la transparence dans la gestion des industries extractives ? Des contrats d'équipements des forces de défense et de sécurité ainsi que de leurs supplétifs ?

A défaut de données sur ses secteurs névralgiques, on rappellera à bon escient que le non-paiement des primes aux Wazalendo, les supplétifs des FDS congolaises, les a démotivés. Pire, certains sont devenus des pilleurs des populations qu'ils étaient censés défendre contre les rebelles. C'est connu, cette démotivation a gagné les rangs des FDS dont certains éléments ne sont pas exempts d'extorsion contre les civils et de ralliement aux rebelles.

En somme, la mal gouvernance, avec son corollaire de mauvaises répartitions des ressources ; de peu d'investissements dans les secteurs sociaux de base ; la démotivation des FDS ; de leurs supplétifs ; la défiance d'une partie des Congolais vis-à-vis du régime en place qui affichait du reste sa volonté de modifier la Constitution pour que Tshisekedi brigue un 3e mandat, ont facilité la tâche aux rebelles du M23.

Ce rapport d'alerte sur les travers de la gouvernance du régime Tshisekedi tombe au mauvais moment pour Kinshasa. Il agite l'opinion publique, aussi bien au plan national qu'international en sa défaveur, notamment en matière de constituer un front uni contre le M23 et leurs parrains. En effet, si en interne beaucoup de Congolais se demandent si c'est la peine de se sacrifier pour une alliance de partis et d'élites corrompues. A l'international, sans approuver l'appui du Rwanda aux rebelles qui ont envahi le sud kivu, des analystes se demandent si des négociations, voire la chute du régime à Kinshasa ne permettraient pas de rebattre les cartes sur l'échiquier politique congolais et régional ? On attend de voir.

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