Congo-Kinshasa: Tous appelés au Patriotisme !

opinion

Un pays menacé a besoin de grands patriotes, de citoyens plus que nationalistes. Tout citoyen conscient de ses responsabilités est patriote, doit être un nationaliste de première force. Le nationaliste est ce citoyen qui aime profondément sa nation, exalte et défend les intérêts de cette dernière avec force et amour, avec un dévouement et un engagement sincères. Mais sans être exclusiviste, dédaigneux et destructeur des autres.

Spécialement, une patrie en danger d'être ravie, spoliée, occupée, découpée, a besoin que chaque citoyen fasse preuve de nationalisme, et de patriotisme. Chaque citoyen a l'obligation de participer à la défense de sa patrie, conformément, du reste, aux prescrits des lois et des aspirations nationales suprêmes.

Pour le bon citoyen, la pratique du nationalisme, dans son côté noble, constitue une obligation civique. Le nationalisme crée et renforce la cohésion nationale, insuffle l'énergie et l'esprit d'engagement en faveur des intérêts de la nation, constitue le moteur de l'activité créatrice collective. Tout citoyen digne de ce nom a l'obligation de se montrer nationaliste. Un nationaliste est une personne profondément acquise à la cause commune de la nation, et qui est toujours prête à la défendre.

La devise d'un vrai nationaliste est celle que, en l'occurrence, Mzee Laurent-Désiré Kabila a adoptée et qu'il nous enjoint de mettre en pratique : « Ne jamais trahir le Congo, ma patrie ! ». Cela veut dire : « Quel qu'en soit le prix, jamais je ne ferai quoi que ce soit qui puisse affaiblir ou déshonorer mon pays, en l'occurrence par la corruption et le vol des biens de la nation ou par la violation de l'intégrité de mon pays ». Chacun de nous doit faire sienne cette devise, comme engagement sincère, fort et sans faille à aimer véritablement sa patrie.

On voit bien qu'un tel engagement demande des sacrifices, et dispose à cueillir la fleur du martyre, à accepter le sacrifice suprême. De la sorte, le nationalisme se prolonge en patriotisme.

En effet, le nationalisme s'exprime, d'une façon particulièrement forte, à travers le patriotisme. Ce dernier est un sentiment d'attachement profond à sa patrie en tant que terre de ses ancêtres. Une personne animée par un tel sentiment est dite patriote. Un patriote aime et défend avec acharnement les terres de ses ancêtres ainsi que toutes les ressources humaines, culturelles et matérielles qu'elles contiennent. Il est volontiers disposé à consentir tous les sacrifices nécessaires pour la vie, l'hon-neur, la prospérité et la dignité de sa patrie, y compris le sacrifice suprême, la mort.

Tout citoyen doit être un patriote, c'est-à-dire, un martyr potentiel pour sa patrie. Il doit toujours, au nom de la cité et du civisme, être prêt à se dévouer, à s'engager sans réserve, et même à se sacrifier pour défendre les concitoyens, les biens, et les symboles de la patrie.

Une implication essentielle de l'attitude patriotique est la nécessité, pour l'État, de doter l'ensemble de ses fils et filles des moyens et capacités d'assurer efficacement la défense de la patrie. L'État devrait notamment imposer le service militaire à tous les jeunes, garçons et filles, aussitôt qu'ils terminent l'école secondaire. Aucun candidat aux études supérieures et universitaires ne sera admis s'il n'est pas passé, pendant une année au moins, par l'apprentissage rigoureux de l'art militaire et d'auto-défense.

Tous ceux qui ne fréquenteraient pas l'école seront enrôlés dans le service militaire dès l'âge de vingt ans. Des armes appropriées sont mises à la disposition de tous lorsque l'état d'urgence est décrété contre l'ennemi en faveur de la patrie. Ceux qui le voudraient sont démobilisés après le temps requis, et sont versés dans la réserve de l'armée. Ils se tiennent tous prêts à porter les armes chaque fois que la patrie sera menacée.

Certes le service militaire tend à disparaître dans certains pays. Chaque pays en juge l'opportunité selon ses besoins et problèmes spécifiques. En tout cas le « Service National » et la « Force d'Autodéfense Populaire » initiés par le Président Laurent-Désiré Kabila avaient du sens. Car, comme disaient les Latins, « Si vis pacem, para bellum ». C'est la raison d'existence des armées.

Qui veut la paix doit préparer les forces de dissuasion et d'auto-défense. Le service militaire des jeunes doit être obligatoire pour toute nation qui tient à son existence et à sa dignité. Il sert au noble objectif de la sécurité, de la paix, de la dignité de la patrie et de tous ses enfants.

Une nation intelligemment pacifiste est celle qui sait que, face à la méchanceté imprévisible et quasi inévitable des autres nations et dirigeants politiques, elle a l'obligation d'anticiper les guerres et doit constamment se préparer à se défendre. Comme il n'y a point d'anges sur terre, il est très sage de toujours prévenir, de se préparer à contrer les méchancetés et la barbarie des autres.

Le sentiment patriotique est nécessaire pour la vie d'une nation. Il se justifie par le fait que tout individu, tout peuple a naturellement besoin de s'établir quelque part, en un lieu précis, et que d'autre part sa propre terre est toujours convoitée par quelque esprit en mal d'enrichissement et de bonheur pour soi seul. Car toute terre, même désertique, est toujours une possibilité de richesse pour l'homme, surtout quand on ne sait pas ce que contient son sous-sol.

Etre privé de terre, de patrie (héritée de ses patres, de ses pères), c'est manquer non seulement de lieu de production matérielle mais, plus encore, de lieu de vie et d'identification de soi. La terre est un bien extrêmement précieux sans lequel aucune vie humaine, matérielle et culturelle, n'est possible.

Par conséquent, il est parfaitement légitime, face aux désirs conquérants, hégémoniques et impérialistes qui habitent le coeur de l'homme, que chaque citoyen sache aimer et défende de toutes ses forces la terre qui l'a vu naître et grandir, qui a garanti et continue de garantir ses possibilités fondamentales de vie sur terre.

L'amour et la défense de sa patrie présupposent la connaissance des biens et des intérêts nationaux à sauvegarder. Cette connaissance n'est possible qu'avec la lumière d'une intelligence lucide, capable d'identifier correctement ces biens et, aussi, de détecter les ennemis qui les convoitent, les exploitent ou les volent.

Etre patriote c'est, avant tout, être nationaliste, intelligent et lucide. Mais l'amour et la défense de sa patrie impliquent maintes autres vertus, dont le travail acharné susceptible d'aider à une solide protection des intérêts de la nation, le respect des lois, des autorités, des concitoyens, et la lutte contre tout ce qui menace la patrie.

Comme expression forte du nationalisme, exaltation de la patrie, le patriotisme peut également aboutir à une attitude négativiste, agressive à l'égard des autres peuples. Mais généralement le patriotisme est considéré, favorablement, comme un sentiment positif, centré sur soi-même mais point du tout tourné contre l'autre, l'étranger. Il en est ainsi de ce qu'on appelle le « patriotisme économique ». Un bon patriote est celui-là seul qui sait se sacrifier pour la juste cause de sa patrie, pour les intérêts bien perçus de la patrie, sans zèle excessif aveugle. Un patriote est un citoyen intelligent et sage, courageux et radicalement dévoué pour la cause de sa patrie. Chaque citoyen doit aspirer à devenir un patriote authentique.

Quelques modèles de patriotisme congolais

En tant que citoyen, tout individu est invité au patriotisme, en suivant l'exemple des héros et patriotes de son pays. En République Démocratique du Congo, le nationalisme d'une jeune fille particulièrement courageuse avait culminé dans le patriotisme. Il s'agit de Dona Béatrice Kimpa Vita, prophétesse du Royaume Kongo, brûlée vive en 1706 par les colonisateurs pour avoir entrepris avec détermination la mobilisation des masses en vue de la restauration du royaume défiguré, dévasté et colonisé par les Blancs. Elle est souvent qualifiée de « Jeanne d'Arc » du Congo.

Il faut également compter parmi les figures patriotiques du Congo le Chef spirituel Simon Kimbangu (né en 1886, emprisonné en 1921 par le pouvoir colonial pour ses opinions politico-religieuses, et mort en prison après trente ans de dures peines, le 12 Octobre 1951). Comme Kimpa Vita, l'ancien catéchiste protestant Simon Kimbangu créa une spiritualité chrétienne fondée sur l'exigence de la reconnaissance et du respect de l'homme noir.

L'histoire du Congo retient aussi la figure de Paul Panda Farnana, originaire du Territoire de Muanda, dans le Kongo Central, ingénieur agronome formé en Belgique dans les années 1930, et qui se révéla être un nationaliste intransigeant opposé au colonialisme (voir François Bontinck 1980 ; Kalubi Nkola 1986 ; Didier Mumengi 2005). Il a évolué aux côtés de W.E.B. Du Bois, de Kwame Nkrumah et de bien d'autres nationalistes lors de l'organisation des Congrès Panafricanistes.

La lutte pour l'indépendance du Congo (qui sera acquise le jeudi 30 juin 1960) a révélé quatre figures politiques particulièrement éminentes : Joseph Kasa-Vubu (le premier Président de la république) furieusement traqué, plusieurs fois emprisonné, torturé, maltraité par le pouvoir colonial, et finalement confiné par Joseph Désiré Mobutu à mourir à petits feux et sans soins, des années entières, jusqu'à l'issue fatale survenue le 24 mars 1969) ; Patrice Emery Lumumba (le Premier ministre, assassiné le 17 janvier 1960), Pierre Mulele (ancien ministre de l'éducation, assassiné en 1968), et Laurent-Désiré Kabila (troisième Président de la république, assassiné le 16 janvier 2001).

Ils se situent tous dans le prolongement de ces nationalistes et patriotes exceptionnels qui auront héroïquement lutté contre l'impérialisme occidental et contre l'occupation coloniale des terres congolaises.

Quelques autres vrais patriotes sont : Jean de Dieu Kudia Kubanza (intellectuel juriste admirablement courageux, assassiné par le Maréchal Mobutu) ; Maurice Dumbi (ancien Commissaire de Territoire à Tshela, dans le Mayombe, membre de l'ABAKO, opposant farouche contre le régime de Mobutu, a créé avec un groupe d'opposants Kongo une radio clandestine à Kinshasa, il est assassiné en 1984) ; le Cardinal Joseph Albert Malula (mort en 1989, a vécu d'énormes humiliations pour son engagement sociopolitique en faveur de la justice sociale au Zaïre) ; Enos Bavela (syndicaliste d'un engagement exceptionnel, mort en 2003 dans des conditions tragiques et mystérieuses) ; Étienne Tshisekedi wa Mulumba (ancien Premier ministre, le plus grand opposant au régime de Mobutu, décédé en 2017 sans jamais se départir de la lutte pour une vraie démocratie dans son pays). Ils sont tout à fait dignes de figurer sur la courte liste de vrais combattants de la liberté et de la dignité du peuple congolais. Ils sont des patriotes qui auront mené, à partir de stratégies diverses différemment efficaces, un combat sans merci contre la dictature.

Pareil patriotisme doit être, pour chaque fille et chaque fils du Congo et d'Afrique, un modèle de combat politique. Leur engagement doit inspirer chacun de nous, doit nous déterminer à mener une lutte lucide et permanente contre les ennemis, externes et internes, de la patrie. Le patriotisme ne peut exister qu'à travers des actes concrets d'engagement, de détermination, de lutte et de sacrifice pour la défense de la patrie qu'on aime.

On devra donc comprendre que le patriotisme est à la portée de tout citoyen adulte. Il ne faut pas nécessairement avoir été assassiné pour être reconnu patriote. Il n'est même pas intelligent de vouloir se faire assassiner pour se faire proclamer patriote. Le martyr politique doit l'être comme par défaut. Quiconque réalise des exploits remarquables, au prix de sacrifices nécessaires, par amour pour son pays, est un patriote.

Des symboles patriotiques

Toute société se forge des symboles, des signes précis qui exaltent ses vertus, son identité, son histoire, ainsi que sa volonté d'être, de puissance et de grandeur parmi les nations de la terre. Le symbolisme patriotique a pour fonction de forger et de raviver constamment le sentiment national, de servir de lieu d'unification des volontés et des énergies pour la construction de la nation. Ils servent à consolider l'unité nationale par l'évocation et l'exaltation continuelles de la mémoire collective des fils et filles de la nation et de la destinée commune à assurer et à faire flamboyer.

Ces signes patriotiques sont, entre autres, le drapeau national, l'hymne national et autres chansons patriotiques, la monnaie nationale, le totem (animal : le Léopard pour la RDC), les armoiries (inscrites sur la monnaie, le drapeau, la devise nationale, etc.), les monuments, ainsi que les personnalités historiques ayant accompli des hauts faits, que les générations présentes et futures doivent prendre pour des modèles.

Les symboles de la patrie doivent être respectés, honorés, protégés par tout bon citoyen. De fait, chaque pays honore ses personnalités marquantes à travers des distinctions d'honneur, de mérite civique, d'admission aux Ordres nationaux, etc. Quiconque néglige les symboles d'identification de sa patrie se rend coupable de manque d'amour patriotique.

Comme dans tous les pays modernes soucieux d'honorer leurs concitoyens valeureux, dans tous les domaines, il a existé dans le Zaïre de Mobutu un « Ordre National du Léopard », et en République Démocratique du Congo d'aujourd'hui existe un « Ordre des Héros nationaux Lumumba - L.D. Kabila ». Les distinctions sont décernées par la Chancellerie des ordres nationaux.

Ma petite part de patriotisme ?

Un : j'ai personnellement été fait, en 1985, « Chevalier de l'Ordre National du Léopard » pour avoir reçu le Prix de la Meilleure Thèse de Doctorat en Sciences Sociales et Humaines. Le bon travail fait partie d'actes patriotiques. De fait, je crois que je suis de ceux-là qui travaillent fort et bien, dans leurs domaines respectifs. Cela, c'est du patriotisme, sans devoir prendre les armes ni être tué.

Deux : j'ai récemment été invité à participer à un colloque scientifique à Yaoundé. Je devais prendre l'avion à Brazzaville. À l'aéroport, j'ai remarqué qu'on me maintenait dans Rwandair. J'ai refusé de voyager par cet avion des gens qui massacrent mon peuple dans le Kivu. J'ai repris la route vers le beach. Je suis retourné à Kinshasa.

Trois : à travers des miettes en notre disposition, je contribue à alléger quelque peu les souffrances de quelques amis compatriotes des territoires occupés par les ennemis de nos populations.

C'est sans doute là des gestes anodins. Mais qui participent, je crois, d'un petit engagement patriotique.

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