Au lendemain de l'expiration du mandat du président Umaro Sissoco Embalo, la Guinée-Bissau tourne toujours normalement, malgré l'appel de l'opposition à une « paralysie totale ». Une mobilisation portée par les coalitions Pai-Terra Ranka et l'Alliance patriotique inclusive Cabass Grande pour dénoncer le prolongement du mandat présidentiel. Mais dans les faits, l'appel a été peu suivi vendredi 28 février.
L'opposition bissau-guinéenne voulait faire du 28 février une démonstration de force contre Umaro Sissoco Embalo. Elle a appelé la population à se mobiliser contre celui qu'elle ne reconnaît plus comme président de la Guinée-Bissau depuis jeudi 27 février et l'expiration de son mandat. Le président, qui a annoncé le 23 février des élections présidentielle et législatives pour le 30 novembre prochain, avait prêté serment pour un mandat de cinq ans le 27 février 2020 après un scrutin contesté.
Mais dans la rue, c'est l'indifférence qui a dominé. Écoles, commerces et administrations ont fonctionné comme d'habitude. Et le dispositif sécuritaire déployé depuis mercredi est resté inchangé par rapport à la veille. Dans la capitale, la garde nationale et la police d'intervention rapide ont continué à sillonner la ville à bord de véhicules blindés, aidées par la force de stabilisation de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Le blocage annoncé n'a donc pas eu lieu. Interrogés, des habitants ont exprimé leur lassitude vis-à-vis des leaders politiques, jugés déconnectés de leurs réalités quotidiennes.
Malgré ce désintérêt populaire, l'opposition maintient la pression : elle exige le retour du Parlement et la refonte des institutions électorales avant le scrutin du 30 novembre. Mais dans un pays où plus de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale, le bras de fer entre l'opposition et le président semble bien loin de ses priorités.
Une mission de haut niveau de la Cédéao, arrivée dimanche pour tenter de faire renouer le dialogue politique dans ce pays coutumier des troubles politiques, a rencontré jeudi l'ex-Premier ministre Geraldo Martins, membre de la coalition d'opposition Pai-Terra Ranka. « Nous les avons informés du non respect des droits de l'homme, du non respect du calendrier électoral par le président. Nous avons eu l'occasion d'exprimer nos préoccupations à propos de la crise politique que traverse le pays », a déclaré Geraldo Martins à l'issue d'une rencontre de plus de deux heures avec la mission.