La péri-ménopause et la ménopause n'ont pas besoin d'être subies et vécues dans la douleur. Ces étapes dans la vie d'une femme peuvent être bien gérées avec les informations appropriées et des solutions existantes. A travers MenoWISE (Wellness Insight Support and Empowerment), la journaliste Sabrina Quirin-Lecellier donne aux femmes des clés pour qu'elles gèrent au mieux leur péri-ménopause et ménopause. L'express fait le point avec elle.
Vous venez de fonder MenoWISE (Wellness Insight Support and Empowerment). De quoi s'agit-il ?
C'est une entité que je viens d'enregistrer et que je souhaite voir devenir une entreprise sociale offrant un service complet aux femmes péri-ménopausées, ménopausées et post-ménopausées. Il n'y a pas mieux qu'une femme péri-ménopausée et ménopausée pour comprendre une femme qui passe par cette période de sa vie.
Pourquoi avoir choisi ce sujet en particulier ?
Je n'ai pas vu passer ma péri-ménopause. Les femmes ne sont pas préparées à cela. Lorsque la ménopause est arrivée, j'étais en souffrance. C'était au début du Covid-19. Cela a commencé par un mal de gorge et j'ai consulté plusieurs médecins. Aucun ne m'a dit que j'avais l'âge de faire ma ménopause. En me regardant dans le miroir, je voyais la silhouette d'une adolescente mais au fond de moi, j'avais l'impression d'avoir 80 ans. Je ne pouvais pas marcher correctement, j'étais fatiguée comme jamais et je ne pouvais plus faire mes activités sans me sentir épuisée. Je me suis donc documentée et j'ai découvert qu'il y avait une centaine de symptômes de la ménopause mais que la British Menopause Society les estimait à une trentaine.
C'est tout à fait par hasard que je suis tombée sur une publicité vantant les mérites d'un produit contre les bouffées de chaleur et j'ai commencé à me documenter. De 2020 à 2023, je n'ai pas arrêté de de me documenter, de faire des recherches, d'aller sur des forums parlant de la ménopause et d'échanger avec des femmes d'autres pays, qui la vivaient aussi, tout en faisant un travail de terrain pour voir ce que proposait les pharmacies pour lutter contre les symptômes de la ménopause. J'ai fait le tour des pharmacies pour voir les produits et évaluer le degré de connaissance sur la ménopause. En termes de produits, on m'a proposé tout et n'importe quoi.
J'ai réalisé qu'à part les pharmaciens, le personnel de pharmacie n'était pas toujours bien informé à propos de la ménopause. J'ai rencontré d'autres médecins et j'ai trouvé une solution qui me convenait. J'en ai discuté avec une amie du même âge que moi et j'ai réalisé à quel point la parole libère. J'ai aussi beaucoup échangé avec des femmes en ligne et en contact direct, je leur donnais des conseils. J'ai décidé de me former pour pouvoir mieux informer et autonomiser les autres femmes et j'ai cherché un centre de formation qui dispenserait un cours en ligne sur la gestion de la ménopause.
Cela a été la galère. Il y a très peu de centres crédibles offrant de telles formations en ligne. A force de recherches, j'ai pu trouver un cours international sur la gestion de la ménopause que j'ai suivi en ligne. En parallèle, j'ai pris la liberté de demander à des femmes que je connaissais bien si elles voulaient que je les accompagne et cela m'a aussi aidée pour mes cours. Au final, j'ai obtenu mon certificat.
Au cours de toutes vos recherches et votre participation à des forums en ligne, qu'avez-vous découvert ?
Que beaucoup de femmes se posaient des questions sur la ménopause et venaient vers moi en message privé pour me demander des conseils. J'ai été, par exemple, surprise de voir que dans un pays aussi développé que les Etats-Unis, au fin fond du Kansas, il y avait encore des femmes qui ne savaient pas grand-chose sur la ménopause.
J'ai donné des conseils à des Mauriciennes mais aussi à des Américaines, des Anglaises, des Françaises. Au final, je me suis demandée ce que j'allais faire avec toutes ces connaissances et des amis m'ont encouragée à fonder MenoWISE. Avec MenoWISE, je veux dire aux femmes que je suis là pour elles si elles ont besoin d'informations correctes sur la ménopause dans le contexte local et que des solutions pour une ménopause bien gérée existent.
La ménopause est-elle tabou ?
Pas tabou non. Je dirai que la ménopause est entourée d'une certaine pudeur. Plusieurs femmes estiment qu'en parler c'est avouer qu'elles vieillissent, c'est s'exposer à l'incompréhension de leur entourage. Et puis, il y a des clichés qui collent à la peau. Un homme qui vieillit est considéré séduisant alors que la femme qui vieillit est perçue comme une femme qui n'est plus fertile et donc improductive.
C'est vrai qu'une femme ménopausée n'a plus l'énergie de ses 20 ans mais j'ai envie de dire aux femmes qu'elles peuvent toujours être productives si elles prennent en main leur ménopause et la gèrent comme il faut. J'ai noté que les filles ont leurs règles de plus en plus jeunes et c'est signe qu'elles seront ménopausées plus tôt. J'ai envie de dire aux femmes de ne pas subir la ménopause mais de la comprendre pour mieux la gérer.
Qu'est-ce que MenoWISE propose aux femmes en péri-ménopause, ménopause et post ménopause ?
MenoWISE leur propose un accompagnement individuel au cours duquel j'évalue leurs symptômes from head to toe car nous avons 400 récepteurs d'estrogènes dans le corps. Et à la ménopause, ce sont ces estrogènes qui diminuent. J'ai commencé cet accompagnement avec des femmes et en général, celles qui viennent citent uniquement les bouffées de chaleur et la fatigue. Mais quand je leur parle de brouillard cérébral, d'acouphènes, de mouth burning, de frozen shoulder, de ballonnement, de l'envie fréquente d'uriner, de sècheresse vaginale, de perte de libido, de douleurs musculaires et articulaires, de prise de poids, d'osteopénie, qui est le début de la perte de la masse osseuse avant que l'ostéoporose ne s'installe, c'est là qu'elles réalisent qu'elles ont bien plus de symptômes qu'elles ne le croyaient.
Donc, la première étape est le coaching individuel, qui dure entre une heure et demie à deux heures. Une fois les symptômes évoqués, j'aborde les raisons de la ménopause et ce qui se passe dans leur corps et je leur présente des solutions qui peuvent être adaptées à leurs symptômes, notamment le traitement hormonal de la ménopause, la phytothérapie via les compléments alimentaires, la médecine ayurvédique, l'acupuncture, la méditation, les exercices, la révision de l'alimentation, tout en leur rappelant qu'il faut se faire plaisir de temps à autre.
Je ne suis pas nutritionniste et je conseille à celles qui veulent faire un régime d'en consulter un. Après leur avoir donné toutes ces informations, je leur laisse deux semaines pour qu'elles choisissent la solution qui leur convient le mieux. Gérer sa ménopause, c'est prendre les devants sur les trois grandes maladies liées à cette étape de la vie, soit la maladie d'Alzheimer, les maladies cardiovasculaires et la maladie silencieuse qu'est l'ostéoporose. Dans la plupart des cas, ce sont surtout les femmes qui souffrent de la maladie d'Alzheimer et des maladies cardiovasculaires.
MenoWISE fait aussi des causeries publiques ?
Oui, j'anime un premier MenoTALK demain, dimanche 2 mars, au Miss Daisy Bistrot à Rose-Hill. J'ai communiqué à ce propos sur les réseaux sociaux. Le MenoTALK sert à donner des informations générales et à sensibiliser sur l'importance de bien gérer sa ménopause. Et ça permet aussi aux femmes présentes de poser des questions. Comme la ménopause affecte différents aspects de notre vie, pour ce premier MenoTALK, je serai accompagnée par deux gynécologues et une psychologue, qui font partie de l'équipe médicale du Rotary Le Réduit.
Une quinzaine de femmes ont déjà réservé leur place. J'ai choisi ce lieu car il est fréquenté par des femmes de tout âge et dynamiques, et j'ai eu le soutien total de la patronne, Jessica Le Merle, qui a immédiatement adhéré à l'idée. Sans elle, le MenoTALK n'aurait pas lieu. En faisant cette causerie là-bas, je veux rappeler aux femmes que l'image de la femme ménopausée d'aujourd'hui n'est plus celle de cette dame à cheveux blancs, qui sort son éventail pour soulager ses bouffées de chaleur, mais d'une femme moderne, qui sait gérer cette étape de sa vie.
Quel public ciblez-vous avec les MenoTALK ?
Les MenoTALK s'adressent aux femmes à partir de 40 ans, âge à partir duquel, elles vont commencer à vivre des fluctuations hormonales et entamer, plus tard, la phase de la péri-ménopause. Je n'encouragerai pas les moins de 35 ans à venir en coaching individuel car elles ont toute leur vie de femme fertile à vivre. Mais j'estime qu'il faut parler de la péri-ménopause/ménopause aux filles de 20 ans et leur faire comprendre l'importance de l'alimentation et de l'exercice. C'est une façon de les préparer lorsqu'elles seront à l'étape de la pré-ménopause et ménopause.
Le traitement hormonal de la ménopause a longtemps été associé au cancer du sein. Qu'en est-il vraiment ?
C'est une étude datant d'il y a 25 ans qui a tout gâché car les femmes sondées avaient plus de 60 ans et présentaient des comorbidités. Après ce traitement, elles ont eu des complications de santé. C'était de mauvaises candidates pour l'étude. Ce qu'il faut savoir, c'est que nous avons tous des cellules qui peuvent potentiellement devenir cancéreuses par mutations génétiques ou par des facteurs externes, liés à notre mode de vie. Au fil des ans, le traitement hormonal de la ménopause a évolué et aujourd'hui, il est sous forme de gel et de patch transdermique.
L'estrogène et la progestérone qu'il contient vont rentrer directement dans le sang et pas dans le foie et de ce fait, il n'y a aucun risque de formation de caillots sanguins. Et puis, de nos jours, la structure moléculaire de ce type de traitement est identique à celle de la femme. MenoWISE parlera de tout cela et des risques et des bénéfices de chaque solution. Je dirai toutefois aux femmes qui choisissent l'option de traitement hormonal de la ménopause de consulter leur médecin ou leur gynécologue avant de l'essayer. MenoWISE veut aussi sensibiliser les hommes sur cette étape de la vie de la femme afin qu'ils comprennent les changements qui s'opèrent dans son corps et que de par leurs attitudes, ils n'ajoutent pas à la souffrance des femmes.
Comment contacter MenoWISE ?
Les femmes peuvent prendre rendez-vous en appelant sur le 5252 8109, me contacter sur la page Facebook de MenoWISE (Wellness Insight Support and Empowerment) ou sur mon mél sabrinaquirin@yahoo.com