Le succès de la certification foncière massive à Madagascar est partagé à travers le monde par la FAO comme un exemple à suivre. Dans le pays, où plus de 85% de la population vit de l'agriculture, la sécurisation foncière représente un enjeu majeur pour les petits exploitants.
Durant longtemps, l'absence de titres de propriété a freiné les investissements et engendré de nombreux conflits. Aujourd'hui, grâce au projet CASEF (Croissance Agricole et Sécurisation Foncière), financé par la Banque mondiale avec l'appui technique de la FAO, les agriculteurs bénéficient enfin d'une reconnaissance légale de leurs terres, avec des résultats déjà visibles sur le terrain. Pendant des décennies, l'administration foncière malgache reposait sur un système archaïque : des documents papier fragiles, stockés dans des bureaux poussiéreux et souvent introuvables.
Obtenir un titre foncier relevait d'un véritable parcours du combattant : des années d'attente et des frais exorbitants, décourageant ainsi les petits producteurs. Cette situation a entravé la productivité agricole, limitant l'accès aux crédits et dissuadant les agriculteurs d'investir durablement dans leurs terres. Conscient de l'ampleur du problème, le projet CASEF a intégré une réforme foncière ambitieuse, avec pour objectif de permettre la délivrance de 8 millions de certificats fonciers d'ici 2030. Grâce à l'introduction d'un registre parcellaire numérique et à l'ouverture de plus de 400 guichets fonciers communaux, les agriculteurs peuvent désormais faire reconnaître plus facilement leurs droits de propriété.
Impact pour les agriculteurs
Les effets de cette réforme ne se sont pas fait attendre. À ce jour, 1,1 million de parcelles ont été certifiées, bénéficiant directement à plus de 206 000 foyers agricoles. L'obtention d'un certificat foncier, autrefois coûteux et chronophage, ne prend plus que six mois au lieu de six ans, et son coût est passé de 600 USD à seulement 32 USD.Cette avancée a profondément transformé la vie des agriculteurs. Rasolofo Andrianoarintsoa, cultivateur dans la région d'Itasy, témoigne :
« Pendant des années, je n'avais aucun document légal pour prouver que ma terre m'appartenait. Depuis que j'ai mon certificat, j'ai pu emprunter auprès d'une institution de microcrédit et acheter des engrais pour améliorer mes cultures. »Loin d'être un simple document administratif, la certification foncière ouvre l'accès au financement, encourage les agriculteurs à investir et réduit considérablement les conflits liés à la terre. En garantissant un cadre juridique clair, elle favorise également une meilleure gestion des terres et contribue au développement économique des zones rurales.
Résilience et productivité
Au-delà des gains immédiats, cette réforme foncière constitue un levier essentiel pour moderniser l'agriculture malgache. Avec la numérisation des certificats fonciers, intégrant un QR code renvoyant à une base de données nationale, l'administration améliore la gestion des titres de propriété et limite les risques de perte ou de falsification. En facilitant l'investissement et en sécurisant les exploitations, la certification foncière permet aux agriculteurs d'optimiser leurs rendements et de mieux résister aux aléas climatiques et économiques. Si l'objectif des 8 millions de certificats est atteint d'ici 2030, cette réforme pourrait bien marquer un tournant décisif pour la souveraineté alimentaire et le développement rural à Madagascar.