Retour à la case Parlement ghanéen du projet de loi anti- LGBT+. Intitulé « projet de loi sur les droits sexuels et les valeurs familiales », le texte a été adopté le vendredi 28 février 2025. Au grand dam de la communauté homosexuelle, il s'annonce être l'un des plus répressifs d'Afrique.
Prévoyant des peines d'emprisonnement allant jusqu'à trois ans de prison contre toute personne identifiée gay ou lesbienne, il punit de jusqu'à cinq ans de prison tout auteur d'acte « de promotion, de parrainage ou de soutien délibérés d'activités LGBT+ » et du double contre « les campagnes LGBT+ à destination des enfants ».
Une nouvelle victoire donc pour les partisans de la pénalisation de l'homosexualité, ouvertement soutenus par les chefs traditionnels et religieux après le contrepied que leur a infligé l'ex-président, Nana Akufo-Addo.
En effet, en février de l'année dernière, les législateurs ghanéens avaient donné leur quitus au même projet de loi anti-LGBT+, mais celui-ci restera lettre morte au niveau de l'Exécutif et ce, malgré l'approbation de la cour suprême.
Pourquoi ? Selon la procédure législative, tout projet de loi adopté par le Parlement doit être signé par le président pour promulgation. Ce que se refusera à faire Nana Akufo-Ado parce que, alors que son pays est confronté à l'une de ses pires crises financières, la Banque mondiale et le FMI, soutenus par l'ONU, les USA et plusieurs ONG de défense des droits des minorités sexuelles, ont menacé de couper leur aide à une économie ghanéenne sous perfusion. 3,8 milliards de dollars US du côté de la Banque mondiale et 3 milliards pour le FMI.
Il n'en fallait pas plus pour faire reculer l'ancien pouvoir, qui peine à juguler une inflation qui a atteint des niveaux records, rendant la vie désespérément chère, exacerbant la colère des populations sans cesse dans la rue. Comme planche de salut, l'Etat ghanéen n'eut d'autre choix que de faire appel aux institutions de Bretton Woods pour obtenir une restructuration de la dette et espérer de l'oxygène pour une économie au bord de l'asphyxie.
Comme il fallait s'y attendre, le président Nana Akufo-Ado n'apposera pas sa signature jusqu'à la fin de son mandat, intervenue en janvier dernier.
Il refile donc la patate chaude à son successeur, John Dramani Mahama, qui, lors de la campagne électorale, a apporté son soutien à la répression de l'homosexualité. Le voilà donc à l'épreuve de sa parole donnée, pour ne pas dire au pied du mur.
Va-t-il traduire son engagement en actes en promulguant la loi anti-LGBT+ au risque de s'aliéner le financement de la Banque mondiale et du FMI alors que la crise est encore prégnante et les attentes de ses compatriotes toujours grandes ?
Va-t-il, par quelques réaménagements, atténuer le texte pour le rendre moins répressif dans l'espoir d'obtenir une quelconque magnanimité des bailleurs de fonds ?
That is the question, dans la mesure où on ne voit pas comment, en l'espèce, le nouveau locataire pourra ménager la chèvre et le chou.
En Afrique, plus d'une trentaine d'Etats sur les 55 criminalisent l'homosexualité, considérée comme une relation contre-nature, et certains d'entre-eux, comme l'Ouganda, sont blacklistés au niveau de la Banque mondiale qui a fait du respect des droits des minorités sexuelles l'une des conditionnalités de son aide.