Ethiopie: Le Front de libration du peuple du Tigré en crise sur fond de «conflit générationnel»

Région éthiopienne du Tigré (photo d'illustration)

Le Front de libration du peuple du Tigré, qui administre cette région du nord de l'Éthiopie, n'a pas réussi à organiser son assemblée générale, ce qui lui coûte une suspension de la part de la Commission nationale électorale du pays. Une division du parti, provoquée par des luttes intestines, fait craindre une reprise du conflit dans la région.

Il y a une quinzaine de jours, en Éthiopie, la Commission nationale électorale a suspendu pour trois mois, le parti du TPLF, le Front de libération du peuple du Tigré. Il administre cette région du nord du pays, meurtrie par une guerre civile contre le gouvernement fédéral.

Les accords de Pretoria, signés en 2022, ont mis fin à ce conflit qui a fait près de 600 000 morts. Mais aujourd'hui le TPLF est divisé. En août, il n'a pas réussi à organiser son assemblée générale, ce qui lui vaut aujourd'hui sa suspension.

Un « conflit générationnel »

D'un côté, la ligne dure du TPLF est incarnée par Gebremichael Debretsion, président du parti. De l'autre, les partisans du réformiste Getachew Reda, ancien vice-président, actuellement à la tête de la TIRA, l'administration régionale par intérim du Tigré. Ce qui les oppose ? « Un conflit générationnel » confie un membre du parti.

D'après Gerrit Kurtz, chercheur à l'Institut allemand pour les affaires internationales, « la direction du TPLF est soupçonnée d'essayer d'échapper à toute responsabilité. Qu'il s'agisse de la corruption, de ses erreurs politiques ou des crimes commis pendant la guerre. » Quant à la TIRA, elle est jugée par la vieille garde, trop proche du gouvernement fédéral.

Mohamed Kheir Omer, écrivain et analyste politique, suit notamment les affaires éthiopiennes et érythréennes. Selon lui, les querelles intestines du TPLF, n'ont pas vraiment d'autre enjeu qu'une guerre de pouvoir entre chefs politiques. « Ils ont eu de longues discussions pendant des mois, mais ce n'étaient pas des discussions au sujet des Tigréens ou au sujet de tous ces déplacés qui voudraient rentrer chez eux. Il s'agissait juste de pouvoir, chacun d'entre eux revendiquant d'être le chef légitime », explique l'analyste.

Il y a presque un vide de pouvoir aujourd'hui dans le Tigré, c'est vraiment le désordre

Gaëlle Laleix Un risque de reprise du conflit ?

Aujourd'hui, les lenteurs dans la mise en place de l'accord de paix de Pretoria exacerbent les tensions. Les milices amharas et les troupes érythréennes sont toujours présentes dans le Tigré. Le désarmement est au point mort et près d'un million de déplacés ne sont toujours pas rentrés chez eux.

Sur place, les observateurs redoutent une reprise du conflit, à tel point qu'une délégation de six diplomates américains et européens, s'est rendue cette semaine à Mekele, capitale du Tigré.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.