Madagascar: Des ONG demandent l'arrêt des travaux de l'autoroute Antananarivo-Tamatave

À Madagascar, 110 organisations de la société civile lancent un appel au président de la République pour suspendre immédiatement et temporairement les travaux de construction de l'autoroute reliant la capitale Antananarivo à Tamatave, la deuxième ville du pays située sur la côte est. Ceci afin de mener une concertation inclusive avec les communautés rurales concernées. Des milliers de familles sont aujourd'hui victimes d'expropriations brutales et se retrouvent privées de leurs moyens de subsistance, écrivent les signataires.

« Une situation dramatique ». C'est ce que vivent les familles expropriées le long du premier tronçon de l'autoroute Antananarivo-Tamatave actuellement en travaux, selon les 110 organisations de la société civile. Le chantier, qui a débuté en décembre 2022, a déjà fait l'objet de contestations.

« Nous n'avons pas de publication transparente sur le tracé officiel de cette autoroute. Il y a donc beaucoup trop de confusion avec des impacts importants sur les communautés. Des rizières ont été remblayées, ce qui signifie que des familles perdent leurs moyens de subsistance. Cela veut dire des problèmes d'insécurité alimentaire, pour une autoroute qui était censée apporter un développement », s'indigne Mialisoa Randriamampianina, directrice exécutive de Transparency International Madagascar et porte-parole des signataires. « Sans compter qu'on ne connaît pas de système de compensation clair, ni de réinstallation des familles qui ont été expropriées de façon brutale », ajoute-t-elle.

« Il faut que leur consentement soit préalable, libre, éclairé »

Les organisations de la société civile affirment que les personnes expropriées n'ont pas reçu d'indemnisations préalables contrairement à ce que prévoit la Constitution.

Elles demandent une consultation des populations et la publication transparente des tracés officiels de l'autoroute. « On n'est pas contre le développement du pays, on pense que c'est une bonne idée d'avoir une autoroute qui puisse servir à tous, mais pas au détriment des communautés. Il faut que leur consentement soit préalable, libre, éclairé, pour que cela puisse se faire de façon humaine, éthique et équitable. C'est plus simple d'informer, de discuter, que de faire un forcing et d'arriver à un point où les gens sont tout simplement fatigués, fâchés, paniqués. Personne ne mérite ça », poursuit Mialisoa Randriamampianina.

Les 110 organisations signataires en appellent directement au président de la République, à qui il revient, selon leur communiqué, « de faire le choix entre poursuivre son projet dans l'opacité ou restaurer la confiance de la population malagasy à travers la concertation pour la justice sociale ».

En réponse au communiqué, Max Fontaine, le ministre de l'Environnement, assure que toutes les procédures d'indemnisation ont été respectées et promet que le tracé du deuxième tronçon de l'autoroute sera publié avant le lancement des travaux. « Le gouvernement fait vraiment les efforts pour exproprier le minimum de personnes sur ce projet. Le tracé a déjà été modifié suite à des concertations publiques où on a vu que certaines communautés étaient contre certains passages, qu'il y avait un certain patrimoine culturel ou des impacts trop forts sur l'environnement et la biodiversité. Nous sommes toujours à l'écoute s'il y a des revendications » déclare-t-il.« L'autoroute n'est pas un projet contre les populations. Au contraire, elles vont en bénéficier. Il sera par exemple beaucoup plus facile pour les paysans de sortir les récoltes des villages ».

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