Une affaire judiciaire trouble, depuis des semaines, le sommeil de certains agents et d'anciens responsables de la Société nationale d'aménagement des terrains urbains (SONATUR). Avant d'en venir aux faits, je rappelle d'abord que la SONATUR, pour ceux qui ne la connaissent pas, est une société d'Etat chargée de la mise en oeuvre de la politique gouvernementale en matière d'urbanisation, d'habitat et de développement des villes. Elle qui intervient dans le domaine de l'acquisition foncière, de l'aménagement urbain puis de la commercialisation des parcelles viabilisées sur l'ensemble du territoire national, s'emploie au quotidien, «à bâtir dans un cadre agréable», comme l'indique si bien son slogan, au profit des Burkinabè.
Mais il se trouve que des agents, au lieu de s'adonner à cette tâche, comme le recommande leur mission, n'ont pas trouvé mieux que de traîner l'image de cette structure d'Etat dans la boue, et tout cela, à cause d'intérêts personnels et très égoïstes. En fait, selon les dessous de cette affaire qui est en jugement au Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga 1, depuis le 6 février, tout serait parti de la vente illégale d'une aire de jeu dans le quartier huppé de Ouaga 2000 de notre capitale. Le procès qui s'est ouvert grâce à une enquête de l'Autorité supérieure de contrôle d'Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), menée en 2023, a dévoilé aux Burkinabè la grande générosité de cette société envers son personnel.
Il faut véritablement nettoyer les écuries d'Augias au sein de la SONATUR
D'abord, il faut préciser que travailler à la SONATUR offre un certain avantage. En effet, de façon règlementaire, tout agent de ladite structure, a droit à une parcelle. Ce qui en soi est déjà un gros privilège quand on connait la cherté des prix des parcelles dans notre pays. Mais comme si cela ne leur suffisait pas, des agents, certains toujours en poste, ont usé de stratagèmes pour se partager des parcelles dans certaines grandes villes du pays.
Et du fait de ces pratiques floues, d'autres ont reçu 10 parcelles, et certains même 15. J'ai, par exemple, appris, avec beaucoup de stupéfaction, au cours de ce procès, qu'un agent de liaison a pu s'offrir quatre parcelles en l'espace de quatre ans et qu'un ancien Directeur général s'est fait un bénéfice de plus de 145 millions de F CFA sur la vente de parcelles. Mais on est où là ? Ainsi donc, la SONATUR était devenue une caverne d'Ali Baba où se jouent les contre-bandes de tout genre. En vérité, cette affaire qui est loin d'être un cas isolé, vient révéler, une fois de plus, le caractère immoral de certains agents de l'Etat dans notre pays.
C'est dire si ce pays qui a longtemps souffert de la mauvaise gestion des biens publics, est loin d'en être guéri totalement. Il est même à craindre que la gangrène ne se soit pas installée. Toutefois, l'ouverture de ce procès dans l'affaire de la SONATUR, qui est désormais dans sa phase terminale, sonne comme un coup de pied dans la fourmilière. Et ça, c'est déjà un motif de satisfaction et d'espoir. Mais au-delà de l'impérieuse nécessité de situer toutes les responsabilités dans cette affaire, il faut véritablement nettoyer les écuries d'Augias au sein de cette société qui, faut-il le rappeler, est là pour servir les intérêts de tous les Burkinabè, et non ceux de quelques invertébrés moraux qui s'en servent comme d'un patrimoine qui leur a été légué.