Cameroun: Une quinzaine de patrons de presse signent une tribune contre la prolifération «des discours de haine»

Au Cameroun, une quinzaine de patrons de médias ont cosigné jeudi une tribune libre pour dénoncer la prolifération « des discours de haine » dans les médias et les réseaux sociaux. Une prise de position publique assez rare de la part de ces acteurs de la société mais qui, de leur point de vue, s'impose face à une « certaine culture de la haine et du rejet de l'autre » a quelques mois de la prochaine élection présidentielle.

Pour dénoncer la prolifération « des discours de haine » dans les médias et les réseaux sociaux, une quinzaine de patrons de presse ont signé une tribune jeudi qui fait la Une de tous les principaux journaux camerounais. L'objectif, comme l'explique l'un des initiateurs de la tribune, François Bambou, directeur de publication de l'hebdomadaire Défis Actuels est de tirer la sonnette d'alarme. « Nous avons constaté que le débat politique et social se tribalise dangereusement, reléguant au second plan les discussions de fond au profit des stigmatisations ethniques et des clivages identitaires », explique-t-il.

Avec cette tribune, les patrons de médias espèrent « interpeller la conscience des journalistes » afin « qu'ils ne se laissent plus entraîner dans cette surenchère dangereuse pour la cohésion sociale », ajoute M. Bambou.

« Il y a une certaine complaisance des pouvoirs publics »

Mais c'est aussi, avec cette prise de parole collective, une réaction des pouvoirs publics, donc les actions sont jugées laxistes sur cette question, qui est attendue. « Il y a une certaine complaisance des pouvoirs publics, peut-être considèrent-ils que la cause n'est pas si grave alors même que les lois existent pour sanctionner de tels discours », considère François Bambou. Et d'ajouter : « Il nous appartient aussi de rappeler à l'État qui doit jouer son rôle de régulateur et de rappeler que l'éthique journalistique impose la rigueur et l'impartialité et le refus de toute forme d'incitation à la haine ».

Accusés par certains de vouloir museler des opinions dans un contexte de libre expression, les journalistes s'en défendent et assurent que défendre l'éthique journalistique et dénoncer les discours haineux ne signifie pas interdire les discours contradictoires. « Nous plaidons simplement pour un usage responsable de la parole publique ou les arguments priment sur les invectives et où les médias assument pleinement leur rôle de régulateur du débat démocratique. La liberté d'expression s'accompagne de responsabilité. Il est de notre devoir de nous assurer qu'elle ne serve pas de prétexte à la fragmentation de notre société », défend le patron de presse.

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